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Page:Mugnier - Les Savoyards en Angleterre au XIIIe siècle et Pierre d’Aigueblanche évêque d’Héreford.djvu/17

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naces du roi de France contre le père de la jeune fille[1]. Le traducteur de Mathieu Paris démontre qu’il ne pouvait s’agir de la fille du comte de Worcester, et, en effet, une lettre de la reine de France, que nous allons rapporter, semble indiquer que la personne à laquelle Henri III avait désiré s’unir était la comtesse de Gloucester. Si le mariage n’eut pas lieu c’est, sans doutera raison de ce que le roi avait appris qu’Éléonore de Provence était plus belle encore que la demoiselle anglaise. Mathieu Paris raconte ainsi le mariage de son souverain. « En 1235, Henri III attendait l’arrivée des députés qu’il avait envoyés à Raymond Bérenger, pour obtenir la main de sa seconde fille arrivée alors à sa douzième année. La réponse du comte ayant été favorable, le roi députa à la Cour de Provence : Hugues, évêque d’Hély, Robert, évêque d’Héreford, et frère Robert de Sanford, maître des Templiers, qui reçurent Éléonore des mains de ses parents pour l’unir au roi d’Angleterre. Raymond et Béatrix les firent accompagner par le seigneur Guillaume, élu à Valence, homme illustre et accompli, oncle de la jeune fille. Le cortège se composait de plus de trois cents hommes à cheval »[2]




  1. Mathieu Paris, IV, p. 119.
  2. Mathieu Paris, IV, p. 151 et suiv. Ce n’était pas la première alliance que les Plantagenet avaient nouée dans notre pays. En 1173, Henri II, avait fiancé son fils Jean (Sans-Terre)avec Alaïs, fille ainée d’Humbert III, comte de Savoie, âgée de sept ans. Henri devait compter à Humbert mille marcs d’argent, et le comte donnait en dot à sa fille toutes ses terres, s’il n’avait pas de fils ; au moment même du mariage il devait céder le mandement de Roussillon-en-Bugey, Pierre-Châtel et le comté de Belley, Novalaise, Chambéry {le Vieux ?) et ses dépendances, Aix, Apremont, la Rochette, Montmayeur, la Chambre ; puis, au-delà des Alpes, Turin et toutes ses dépendances, Cavoretto, Gollegno, des fiefs dans le Canavesan, Châtillon dans la vallée d’Aoste. Parmi les nombreux seigneurs qui sont garants d’Humbert, l’on trouve : Aymon et Eimeric de Briançon ; Pierre, archevêque de Tarentaise ; Arducius, évêque de Genève ; Guillaume, évêque de Mauriennea ; l’abbé de Saint-Michel. Les évêques s’engagent à excommunier le comte de Savoie s’il ne tient pas sa promesse. Jean était alors le fils préféré d’Henri II qui était en guerre avec les trois aînés, excités contre lui par Louis VII, roi de France. Le pape Alexandre III avait, en 1173 précisément, envoyé l’archevêque de Tarentaise (saint Pierre de T.), pour négocier la paix entre le père et ses fils. Il est bien possible que, par cette alliance avec Humbert III, Henri ait voulu s’emparer des passages des Alpes, afin de barrer la route de Rome et de l’Italie à Louis VII et à ses émissaires. La mort d’Alaïs réduisit bientôt à néant les combinaisons d’Henri II. On lit dans le contrat, qu’à son occasion, les envoyés du comte se rendirent in terramn Angliœ.

    a. Cette mention de l’évêque Guillaume (II), en 1173, rend tout à fait vraisemblable l’opinion de ceux qui ont placé avant lui l’évêque Pierre I. Il est donc probable que ce Guillaume a vécu jusqu’en 1177, époque à laquelle Lambert d’Allevard lui a succédé. Besson et Angley devraient être rectifiés en ce sens.