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cause impériale avait duré plus longtemps que celle de Thomas. Au fond, sans doute, les deux frères marchaient d’accord ; mais, Amédée, ne pouvait pas abandonner aussi facilement son gendre. Il ne le fît que lorsque, à raison de l'éloignement de Manfred, il ne put plus lui être utile (1). Dès ce moment les princes savoyards sont au mieux avec Guillaume de Hollande, celui que le pape avait fait empereur, et Guillaume confirme en leur faveur toutes les investitures qu’ils ont reçues de Frédéric II (2).

Durant son séjour à Lyon, Innocent IV avait fait prêcher la croisade dans toute la Chrétienté. Comme les Français, les Anglais eurent leur moment d’enthousiasme ; un parti assez considérable conduit par Guillaume de Salisbury, dit

(1) Cette défection s’expliquerait encore davantage si, à cette époque, Béatrix de Savoie, première femme de Manfred, était morte. Manfred épousa, en 1249, Hélène, fille de Michel l’Ange Ducas, despote d’Épire. Il n’avait eu de Béatrix qu’une fille, Constance, qui, à sa naissance, avait reçu aussi les dons de la grâce et de la beauté :

Vadi a mia bella figlia, génitrice Dell’onor di Cicilia e d’Aragona... (Dante. La Divina Commedia. Purg. c. m.)

(2) Innocent ordonne alors des offices annuels dans les églises de Savoie pour les ancêtres des princes ; à la demande de ceux-ci, il autorise Robert, abbé d’Hautecombe, à conserver ses fonctions, bien qu’il soit fils d’un prêtre et d’une femme mariée (13 et 20 janvier 1253), et accorde de nombreuses faveurs aux protégés de Thomas (E. Berger, introd, citée, p. ccllix, note).