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Madame de Warens

l’ébranler par les caresses et les promesses qu’on lui fit... Pendant l’hiver, elle dit qu’on entendrait parler l’été suivant d’un événement extraordinaire au sujet d’une dame du pays.

Dans le Mémoire que nous analysons rapidement, M. de Warens raconte avec d’amples détails,comment, sous le prétexte d’aller à Évian prendre les eaux d’Amphion, sa femme ne s’y rendit en réalité que pour abjurer, et comment, sans qu’il s’en aperçût, elle réussit à emporter tous ses linges les plus fins, la plus grande partie de l’argenterie, une portion de l’argent qu’elle avait emprunté pour la fabrique, et enfin, des ballots de marchandises. Elle arriva à Évian le 14 juillet 1726. Son mari qui n’avait encore aucuns soupçons et qui, jusqu’à ce moment, avait été occupé des devoirs de ses charges et de la réparation des dégâts causés par l’inondation, vint lui faire une visite le 4 août. Il vit une de leurs parentes, madame de Bonnevaux (de la famille de Loys), qui, par trois fois, lui dit : « Ne quittez pas votre femme ; » M. de Warens ne comprit pas l’avertissement ; il eut, au contraire, la naïveté d’envoyer « le Dictionnaire de Bayle ainsi qu’une fort belle canne à pomme d’or que sa femme