Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/208

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peu de batailles où les masses se soient entre-choquées avec autant de fureur. Les Vendéens eurent longtemps l’avantage. Ce fut le jeune général Marceau qui décida la victoire à se ranger de son côté. « Jamais, dit Kléber, les Vendéens n’ont livré un combat si opiniâtre, si bien ordonné ; ils combattaient comme des tigres et leurs adversaires comme des lions. » La perte des insurgés fut évaluée à 10,000 hommes tués. D’Elbée y fut blessé grièvement et Bonchamp mortellement. Ce dernier, porté à Saint-Florent, y expira le lendemain. La perte des Républicains fut considérable, surtout en officiers.

Madame de Bonchamp raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments de son mari : « M. de Bonchamp, après sa blessure, avait été transporté à Saint-Florent, où se trouvaient 5,000 prisonniers renfermés dans l’église. La religion avait jusqu’alors préservé les Vendéens de représailles sanguinaires ; mais lorsqu’on leur annonça que mon infortuné mari était blessé mortellement, leur fureur égala leur désespoir ; ils jurèrent la mort des prisonniers. M. de Bonchamp avait été porté chez M. Duval, dans le bas de la ville. Tous les officiers de son armée se rangèrent à genoux autour du matelas sur lequel il était étendu, attendant avec anxiété la décision du chirurgien. Mais la blessure ne laissait aucune espérance. M. de Bonchamp le reconnut à la sombre tristesse qui régnait sur toutes les figures. Il chercha à calmer la douleur de ses officiers, demanda avec instance que ses derniers ordres fussent exécutés, et aussitôt il prescrivit que l’on donnât la vie aux prisonniers ; puis se tournant vers d’Autichamp, il ajouta : « Mon ami, c’est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l’assurance qu’il sera exécuté. » En effet, cet ordre, donné sur son lit de mort, produisit tout l’effet qu’on en devait attendre ; à peine fut-il connu des soldats que de toutes parts ils s’écrièrent : « Grâce ! grâce ! Bonchamp l’ordonne ! » et les prisonniers furent sauvés.

BONET (JEAN-PIERRE-FRANÇOIS, comte)

BONET (JEAN-PIERRE-FRANÇOIS, comte) , né à Alençon, en 1768, soldat au moment de la Révolution, dans le régiment de Boulonnais (79° d’infanterie), sergent dans un bataillon de volontaires de son département, passa par tous les grades et fut nommé général de brigade. En 1794, il fit à l’armée de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Jourdan, les campagnes de 1794 et 1795, se signala au combat de la Chartreuse en Belgique, le 16 septembre 1794 et à ’toutes les affaires où il prit part. Il fit avec la même distinction les’ campagnes d’Allemagne et d’Italie de 96 à 99. Sa brillante conduite à la bataille de Hohen-linden, attira sur lui l’attention du premier Consul. Général de division, le 27 août 1803, il commanda la 26e division à Aix-la-Chapelle et fat envoyé au camp de Brest en 1804, sous les ordres d’Au-gereau. Il resta en non-activité jusqu’à la fin de 1807. Appelé alors au commandement d’Aranda, il se distingua surtout pendant la campagne de 1808 en Espagne, et pendant les années suivantes, à Santander, dans les Asluries, à l’attaque de Celdessajoras, à Gijon, à la bataille des Arapyles, qui.fut livrée par Mar-mont, malgré les vives remontrances du général Bonet et dans laquelle celui-ci se battit héroïquement, enfin au combat de Penaranda, où il fut blessé très-grièvement. En 1813, le comte Bonet commandait une division dans le corps de l’armée.de Marmont, à la campagne d’Allemagne. Il prit une part active à la victoire de Lutzen, où il soutint plusieurs charges