Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/240

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rougît de son sang, pas un combat où sa valeur ne conquît les acclamations de l’armée. En Italie, en Prusse, en Espagne, en Pologne, en Russie, en France, depuis Iéna jusqu’à Waterloo et sous les murs de Paris, il défendit son pays avec un dévouement digne des temps héroïques.

Après la chute de l’Empire, Brique-ville, toujours fidèle à Napoléon, quitta le service, mais sa retraite fut précédée par un fait d’une admirable nationalité. Rencontrant Louis XVIII escorté par des cavaliers prussiens, le jeune colonel s’élance à la tête de ses. lanciers vers l’officier prussien, lui intime l’ordre de lui céder la place, et s’adressant au roi : « Sire, lui dit-il, c’est sous la protection des Français que votre Majesté doit rentrer en France. » II conduisit en effet la famille royale jusqu’au château de Saint-Ouen ; mais \k il déclara respectueusement que ses affections et sa conscience lui faisaient un devoir de se retirer, et il donna sa démission malgré les bienveillantes instances du monarque.

Après le retour de l’île d’Elbe, Brique-ville accomplit des prodiges à la bataille de Ligny, où il fut mis à l’ordre du jour de l’armée. Le 17 et le 18 juin, faisant partie du corps,de Grouchy, il fut l’un des officiers qui insistèrent le plus éner-giquement pour marcher sur le canon de Waterloo. Après ce’ grand désastre, le jeune colonel, frémissant d’indignation et de douleur, se précipita, entre Sèvres et Versailles, sur une colonne de cavaliers prussiens dont il fit un horrible carnage, et du milieu de laquelle il sortit la tête entr’ouverte par un coup de sabre et le poignet droit à demi abattu.

Criblé de blessures et d’infirmités, il lit partie de plusieurs conspirations contre les Bourbons, puis vécut dans la retraite jusqu’en 1827, que ses concitoyens l’envoyèrent à la Chambre des députés où il se montra le plus incorruptible adversaire de la Restauration. Après la révolution de 1830, il fit partie de l’opposition constitutionnelle, eut une rencontre avec le fils du maréchal Soult, à propos d’une attaque injurieuse contre le vieux maréchal, en sa qualité de major général de l’armée à Waterloo, et mourut le 20 mars 1844 à Paris, d’où il fut transporté à Cherbourg. Ses obsèques eurent lieu dans cette ville le 2 avril, avec une pompe extraordinaire.

BRO (le général Louis)

né à Paris le 17 août, fils d’un notaire, s’embarqua à Toulon pour rejoindre l’expédition d’É-gypte ; mais les croisières anglaises le forcèrent à rentrer.

Soldat volontaire en l’an x, dans le 1er régiment de hussards, il fit partie du détachement formant la garde du général Leclerc, commandant de l’armée expéditionnaire de Saint-Domingue. Il fut blessé à l’affaire du Haut-Cap, et nommé sous-lieutenant le 12 thermidor.

Renvoyé en France par suite de blessures graves, il devint aide-de-camp d’Augereau, et le suivit dans toutes les campagnes de 1803 à 1807. Après la bataille d’Eylau, il fut nommé capitaine au 7e de hussards, et assista aux journées de Friedland et de Wagram. Grièvement blessé dans cette dernière, et honorablement cité, il passa comme chef d’esca-drou (capitaine) aux chasseurs à cheval de la garde, et fit avec elle les campagnes de 1812 et 1813.

Nommé major le 28 juin 1813, M. Bro se distingua à la bataille de Montereau où il reçut la croix d’officier.

Le o avril 1814 il fut promu au grade d’adjudant-commandant, avec rang de colonel ; il prit, en cette qualité, en 1815, le commandement du 4e de lanciers, ancien 9e dragons, à la tète duquel, dans la campagne de Waterloo, il écharpa la brigade