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ligne fort de 60 hommes, de 30 artilleurs du 6e régiment, d’une compagnie de 100 canonniers bourgeois et de 93 douaniers. Les gardes nationales et les militaires en retraite n’avaient aucun vêtement militaire ni gibernes ; cette troupe était totalement dénuée de linge et chaussure, ce qui la décourageait et excitait la désertion. Les suites de la bataille de mont Saint-Jean avaient attaqué le moral de la garnison. Se soustraire au service en abandonnant la place, ou le faire mal, lorsque la surveillance arrêtait la désertion, tel était l’esprit qui l’animait alors, et c’est avec cette garnison, qui diminuait journellement, que le généra) Cassagne se maintint dans la place depuis le 22 juin jusqu’au 8 août. Le feu de l’ennemi avait allumé des incendies sur tous les points de la ville ; une caserne avait été entièrement brûlée, une seconde très-endommagée, et les magasins de fourrages et les grains perdus, lorsque le commandant rassembla le conseil de défense pour délibérer sur la conduite à tenir dans ces difficiles circonstances. Ce conseil émit l’opinion de la remise d’une place qu’on ne pouvait plus défendre, et qu’on devait craindre de voir prendre de vive force : en conséquence, cette remise fut faite le 8 août.

Le gouvernement de la Restauration, auquel cette résistance prolongée était loin d’être favorable, crut cependant devoir soumettre à l’examen d’un conseil d’enquête, présidé par le lieutenant-général comte Maison, la conduite du général Cassagne et les circonstances qui avaient amené la reddition de la place de Philippeville, dont il était commandant supérieur. Ce conseil approuva à l’unanimité la conduite militaire du baron Cassagne, et celle des membres du conseil de défense, et les déclara sans reproches.

Le général Cassagne. admis à la retraite par décision royale du 4 septembre 1815, se retira dans ses foyers. Il est mort le 26 novembre 1833.

CASSAGNE (VICTORIN-LOUIS, baron de)

né à Alau (Haute-Garonne), le 5 juin 1774. Il entra au service en qualité de lieutenant dans une compagnie franche, le 23 mars 1793, et devint capitaine dans le 8e bataillon de la Haute-Garonne, le 24 mars suivant. Il se distingua cette même année au passage de la Teta au village de Corneilla (Pyrénées-Orientales), et fit partie du siège de Figuières que prit le général Dugommier.

Après la paix, conclue avec l’Espagne, le capitaine Cassagne passa à l’armée d’Italie, en 1796. Commandant les éclaireurs de l’aile gauche du corps du général Masséna, il fut chargé de poursuivre les Autrichiens après leur défaite de Lonato, et fut blessé très-grièvement d’un coup de feu à la poitrine, le 3 août, près du lac de la Guardia. A la tête de ces mêmes éclaireurs, il fit mettre bas les armes à un corps de cavaliers ennemis, le 16 janvier 1797, près de Mantoue.

Pendant la campagne d’Égypte, il commanda les éclaireurs de la division Bon, et combattit àleur tête aux batailles de Chebreyss et des Pyramides.

Le 29 mai 1799, au siège de Saint-Jean-d’Acre, chargé d’attaquer un des ouvrages des assiégés, il combattit à outrance, perdit les deux tiers de son monde et égorgea la totalité des Turcs qui défendaient le boyau. Il avait reçu cinq coups de poignard. Cette action lui valut le grade de chef de bataillon.

Le 21 mars 1804, à la bataille de Canope, il pénétra dans le camp des Anglais et y reçut un coup de feu qui lui traversa la cuisse. Le 29 mai suivant il fut nommé colonel du 25e de ligne. Pendant les années 1804 et 1805, le colonel