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de la Seine, lors des élections du 4 juin. C’était la récompense de l’énergie qu’il avait montrée dans la matinée du 16 avril. Il a justifié ce choix par celle dont il a fait preuve dans les sanglantes journées de juin.

Le 29 janvier 1849 était depuis longtemps promis à une immense agitation et à de graves périls. Cette journée n’eut toutefois qu’une issue pacifique, résultat qu’il doit être permis d’attribuer à l’attitude du général Changarnier et à ses énergiques dispositions.

On connaît les services qu’il a rendus le 13 juin, tant à la cause de l’ordre qu’à la cause de l’humanité. Dès le 10, des signes nombreux, des faits d’une haute gravité avaient donné la certitude que l’on touchait à une crise et que la société allait encore une fois être mise en demeure de pourvoir à son salut par la force des armes. Changarnier mande à Paris par le télégraphe ou par des courriers extraordinaires des bataillons d’infanterie et des régiments de cavalerie tirés des garnisons voisines.

Le 12, une partie de la cavalerie devait surveiller et contenir toute tentative qui, de l’extérieur, aurait été faite pour favoriser l’insurrection.

Dans la matinée du 13, le général reçoit de son état-major des rapports unanimes pour signaler tout un plan d’insurrection devant aboutir à une révolution nouvelle. Ces rapports se succèdent avec rapidité, la colonne s’étend, se déroule et déjà touche de son front la place de la Madeleine et presque le palais de l’Assemblée. Jusque-là, Changarnier, sur lequel repose dans ces heures solennelles une double et terrible responsabilité, reste calme et impassible ; mais le moment est venu ; il monte à cheval à midi et demi et rencontre la colonne sur les boulevards. Les sommations légales sont faites ; la colonne est chargée vigoureusement à droite et à gauche, un seul coup a suffi pour la disperser ; la grande ligne des boulevards est dégagée et reprise. Les dispositions ont été si bien prises que sur les deux rives de la Seine, toutes les positions importantes sont occupées et mises en état de défense. Partout un réseau de fer comprime, en se resserrant, les tentatives isolées, partout l’ordre est maintenu ou rétabli, comme par une puissance électrique à laquelle rien-ne saurait résister.

A trois heures et demie, le général Changarnier était rentré à son quartier général des Tuileries ; une heure après il reparaissait à côté du président de la République et traversait les rangs de la population reconnaissante.

La postérité dira que le général, entouré de troupes nombreuses et dévouées, aurait pu obtenir des résultats plus décisifs ; qu’il aurait pu frapper des coups d’autant plus terribles qu’ils étaient depuis plus longtemps suspendus ; mais qu’il a reculé devant un triomphe acheté au prix de torrents de sang. Grâce au général Changarnier, Paris a pu échapper aux hommes de la guerre civile ; il n’a point eu à célébrer de sanglantes funérailles. C’est donc à bon droit que la population a voulu lui décerner une épée d’honneur ; le héros de Constantine et de Mouzaïa pourra la porter fièrement, car elle est pure du sang de ses concitoyens.

Le général Changarnier a reçu en août 1849 le cordon de grand officier de la Légion-d’Honneur. Depuis la levée de l’état de siège, il est commandant en chef des troupes de la 1re division.

CHANTREAU DE LA JOUBERDERIE (CHARLES-HENRI)

ancien officier au régiment d’infanterie de Hainaut depuis 1788, avait embrassé la cause royale au commencement de la Révolution, et pris part