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quelque temps au blocus d’Ehrenbreit-stein, il reçut l’ordre de se porter sur Neuwied et d’y protéger la retraite de l’armée de Jourdan qui se disposait à repasser le Rhin.

Avec deux bataillons de la 30e demi-brigade, une compagnie d’artillerie légère et un régiment de chasseurs à cheval, il soutint les efforts d’un corps considérable de cavalerie qui, appuyé par une nombreuse artillerie, essaya vainement de l’entamer. Il résista pendant toute une journée et ne se décida à franchir le fleuve que lorsqu’il vit nos derniers bataillons en sûreté. Sa contenance ferme et tranquille, la précision des manœuvres, les charges vigoureuses qu’il fit exécuter lui valurent les éloges de la part du général en chef qui lui dit : Je vous félicite, mon cher Darnaud, j’ai admiré vos belles manœuvres, vous aviez devant l’ennemi le même sang - froid que L’année dernière à la revue sur la place de parade de Cologne.

A la prise de Francfort, Darnaud com-mâ’nda cette ville, où, par le plus sévère maintien de la discipline, il sut faire chérir le nom français. Deux ans auparavant une garnison française avait été égorgée dans cette ville ; sous prétexte de venger l’assassinat de leurs compagnons d’armes, des malveillants excitaient nos troupes à l’incendie et au pillage. Déjà des symptômes alarmants se manifestaient dans la garnison, et sans Darnaud, qui fut obligé de lutter corps à corps avec des soldats mutinés de la 48e demi-brigade de ligne, la ville eût subi le sort le plus affreux. Son courage et son dévouement, secondés de l’appui des soldats de sa demi-brigade, qui lui étaient entièrement dévoués, suffirent pour apaiser ce commencement d’insurrection.

Ce fut par des traits nombreux d’une incorruptible probité et d’une scrupu- T. I.

leuse fidélité à remplir ses devoirs que le chef de brigade Darnaud dut les témoignages d’estime qu’il reçut d’une cité dont les magistrats et les habitants le regardaient comme le bienfaiteur.

Il servit au blocus de la place de Mayence, devant laquelle il arriva le 18 germinal an îv. Dans une sortie que fit la garnison ennemie, avec des forces infiniment supérieures, le 3 fructidor suivant, Darnaud, à la tête de la 30e demi-brigade, défendit la position entre le Mein et le Rhin, et eut la mâchoire inférieure fracassée par un éclat d’obus. Malgré la gravité de sa blessure, il ne voulut point quitter le champ de bataille, et ne cessa de combattre que lorsque les ennemis, repoussés partout, furent forcés de rentrer dans la ville, laissant le terrain couvert de leurs morts et de leurs blessés.

S’étant rendu à Francfort pour y soigner sa blessure, il y reçut de la part des habitants de nombreuses marques d’intérêt et d’affection, qui le récompensèrent dignement des soins qu’il avait pris pour préserver de tout malheur leurs personnes et leurs propriétés.

Appelé à l’armée d’Italie vers la fin de l’an iv, il y commanda sa demi-brigade avec un grand succès. Le 15 frimaire an vu, à Civita-Castellana, et le même jour à l’affaire de Falavi, il défit complètement les Napolitains, culbuta une division avec un seul bataillon, mit l’ennemi en déroute et lui prit 20 pièces de canon et 30 caissons. Le 10 nivôse suivant, à l’affaire d’Atricoli, à la tête de sept compagnies, il donna l’impulsion aux troupes dont il faisait partie, et détermina par son exemple et sa conduite les avantages de cette brillante journée.

Le 24 prairial, au combat et à la prise de Modène, Darnaud se comporta avec le sang-froid, la valeur et les talents militaires qui le distinguaient depuis long- II

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