Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/503

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toute la Catalogne était debout, plusieurs villes s’étaient prononcées dans 1 Aragon, dans la province de Valence, en Murcie et en Andalousie ; décidément la fortune d’Espartero se voilait, la réprobation générale qui le frappait s’accrut encore par la nomination de Zurbano au grade de lieutenant-général.

Le 20 juin, il partit de Madrid avec 6,000 hommes pour Valence, elZurbano se dirigea sur la Catalogne ; mais les villes continuèrent à se soulever, l’armée lui échappait par fractions ; les hommes qu’il avait comblés de faveurs s’unissaient à ses ennemis pour le renverser. Au 1" juillet, il ne restait au Régent que l’Aragon, l’Estramadure, la Nouvelle-Castille et la Manche.

Ce qui aggravait sa position, c’est que ses coffres étaient vides et qu’aucun im^ pôt n’arrivait à Madrid. Sûre de sa puis-, sance, la junte de Barcelone forma un gouvernement provisoire ; elle convoqua le ministère Lopez dans ses murs. En attendant l’armée de ce ministère, elle le constitua dans la personne du général Serrano. Le premier acte émané de Serrano fut celui qui prononça la déchéance du régent.

Cependant les progrès de l’insurrection furent connus à Madrid où Mendizabal gouvernait en l’absence du Régent. Ce lui-ci organisa un système de terreur qui arrêta tout murmure ; mais voyant la marche des choses et en prévoyant le dénoûment, il avait conseillé à Espar-tero de rappeler le ministère Lopez. Le Régent refusa. « Non, je ne céderai point, dit-il ; que le sabre en décide : ma destinée est de tomber comme un chef de bande [como un bandolero) sur un champ de bataille. »

Le général Ramon Narvaez, exilé par e Régent et son ennemi personnel, commandait une partie des troupes au ser-rice de la junte. Le 5 juillet, il occupait

Daroca, sur la grande route de Sara-gosse à Madrid, et coupait ainsi la capitale et le Régent du principal corps d’armée qui lui restât fidèle. Cette lutte entre l’Espagne et Espartero ne pouvait se prolonger longtemps.

Le 22 juillet, Madrid étant menacé de trois côtés, Mendizabal dut songer à son salut et chercher un asile à l’hôtel de l’ambassadeur anglais. Le 23 au matin, le général Narvaez fit son entrée à Madrid à la tête de son corps d’armée ; il y fut reçu avec joie. L’armée défila sous le balcon de la jeune reine, heureuse d’être libre enfin. La milice fut désarmée, mais personne ne fut arrêté.

Les Esparterotistes purent quitter Madrid sans être inquiétés ; Zurbano lui-même en sortit sans obstacle. Cependant Espartero faisait bombarder Séville que les habitants défendaient avec courage. Le 2o, le Régent ayant appris la reddition de Madrid et la marche rapide des troupes expédiées par Narvaez, se décida à fuir. Le 26 au point du JOUP, il quitta le camp avec quelques affidés’, la caisse de l’armée et 400 cavaliers dévoués etse dirigea rapidement sur Cadix, poursuivi de près par le général Concha. Il faillit être pris près du port Sainte-Marie ; il dut se jeter précipitamment dans la première barque qu’il trouva sur le rivage et gagner le large, se dirigeant sur le vaisseau anglais le Malabar, qui était à l’ancre dans la baie,

Il comptait se faire conduire à Cadix ; mais cette ville s’étant soumise à la junte, le rôle d’Espartero étaif fini ; il lui restait à demander un dernier asile à l’Angleterre, ce qu’il fit. Après le mariage d’Isabelle II, il y eut une amnistie qui permit à Espartero de revoir sa patrie. Il y vit dans la retraite.

ESPERRONNIER (FRANÇOIS-DOMINIQDE-VICTOR-ÊDOUARD)

né à Narbonne (Aude)