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adieux de cette troupe d’élite dont les annales conserveront toujours le souvenir. Conservé à son corps, après la Restauration, il se trouva aux batailles de Charleroi, de Ligny et de mont Saint-Jean en 1815, et donna partout les plus grandes preuves de courage et de dévouement.

Licencié et proposé pour la retraite le 2 novembre 1818, il se retira à Rosheim (Bas-Rhin) où il fut autorisé à toucher sa pension par ordonnance royale du 23 mars 1816.

KLÉBER (JEAN BAPTISTE)

Né à Strasbourg en 1754. Son père était terrassier-maçon ; Kléber fut élevé par un curé de village.

Il étudia l’architecture sous l’architecte Chalgrin, entra ensuite à l’École militaire de Munich ; lieutenant dans le régiment de Kannitz, où il resta depuis 1772 jusqu’en 1783. Inspecteur des bâtiments de la haute Alsace. Adjudant-major d’un bataillon de volontaires au commencement de la Révolution. Adjudant-général au siège de Mayence, général de brigade, général de division en 1794, général en chef de l’armée française en Égypte, en remplacement de Bonaparte. Vainqueur d’Héliopolis, assassiné au Caire par le Syrien Soliman, le 14 juin 1801.

Kléber n’avait jamais commandé en chef ; il avait servi à l’armée de Sambre-et-Meuse comme, général de division, sous les ordres de Jourdan. Tombé dans la disgrâce du Directoire, il vivait obscurément à Cbaillot, quand Napoléon, en novembre 1797, arriva de Radstadt, après avoir conquis l’Italie, dicté la paix sous Vienne et pris possession de Mayence. Kléber s’attacha à son sort et le suivit en Égypte. Il s’y comporta avec autant de talent que de bravoure, et s’acquit l’estime du général en chef qui, après Desaix, le tenait pour le meilleur officier de son armée. Il s’y montra des plus subordonnés, ce qui étonna les officiers de son état-major, accoutumés à l’entendre fronder et critiquer les opérations à l’armée de Sambre-et-Meuse. Il témoigna une grande admiration de la belle manœuvre de la bataille du mont Thabor, où le général en chef lui sauva l’honneur et la vie. Quelques semaines après, il marchait à la tête de sa division à l’assaut de Saint-Jean-d’Acre ; Napoléon lui envoya l’ordre de venir le joindre, ne voulant pas risquer une vie si précieuse dans une occasion où son général de brigade le pouvait remplacer.

Quand le général en chef prit le parti d’accourir en Europe, au secours de la République, il pensa d’abord à laisser le commandement à Desaix ; ensuite, à amener avec lui en France Desaix et Kléber, et enfin, il résolut d’emmener le premier, et d’investir le second du commandement (Napoléon à Sainte-Hélène) a Kléber


était le talent de la nature, celui de Desaix était entièrement celui de l’éducation et du travail. Le génie de Kléber ne jaillissait que par moments, quand il était réveillé par l’importance de l’occasion, et il se rendormait aussitôt après au sein de la mollesse et des plaisirs.

Après le départ du général en chef pour la France, Kléber, qui lui succéda, circonvenu et séduit par les faiseurs, traita l’évacuation de l’Égypte ; mais quand le refus des ennemis l’eut contraint de s’acquérir une nouvelle gloire, et de mieux connaître ses forces, il changea tout à fait de pensée et devint lui même partisan de l’Égypte. Il ne s’occupa donc plus que de s’y maintenir ; il éloigna de lui les meneurs qui avaient dirigé sa première intention, et ne s’entoura plus que de l’opinion contraire. L’Égypte n’eut jamais couru de dangers s’il eût vécu : sa mort seule en amena la perte (Mémorial de Sainte-Hélène)

Or Kléber