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rieillards, qui s’élevait à plus de 50,000. L’ancien généralissime, le vénérable Les-cure, était porté mourant au.milieu de cette foule en larmes, qu’il éclairait encore de ses conseils et consolait par sa pieuse résignation. La Rochejacquelein, qui comptait moins d’années et plus de combats qu’Alexandre, paraissait à la tête de l’armée, monté sur un cheval que les paysans avaient surnommé le Daim, à cause de sa vitesse. Un drapeau blanc en lambeaux guidait les tribus de Saint-Louis, comme jadis l’arche sainte conduisait dans le désert le peuple fidèle. Ainsi, tandis que la Vendée brûlait derrière eux, s’avançaient avec leurs familles et leurs autels ces généreux Français sans patrie au milieu de leur patrie : ils appelaient leur roi et n’étaient entendus que de leur Dieu.

A la bataille d’Entrasme, La Rochejacquelein mit dans la plus complète déroute l’armée républicaine, commandée par le général en chef L’Échelle. Dix-neuf pièces de canon, autant de caissons, plusieurs chariots chargés d’eau-de-vie et de pain furent les trophées de cette mémorable journée. L’armée républicaine avait été tellement dispersée, que ses débris ne se rallièrent qu’au Lion-d’Angers, bourg à peu de distance de cette ville. Il fallut douze jours pour la réorganiser. Les fuyards furent vigoureusement poursuivis par les Vendéens et presque tous ceux qui se laissèrent atteindre furent massacrés. Ce fut dans cette poursuite que le général en chef des insurgés courut un assez grand danger auquel il échappa heureusement par son courage, sa présence d’esprit et son adresse. Voici comment cet événement est raconté dans les Mémoires de sa belle-sœur, qui suivait alors l’armée vendéenne :

« Depuis le combat de Martigné, où il avait été blessé, M. de La Rochejacquelein

portait toujours le bras droit en écharpe : il n’en était pas moins actif ni moins hardi. En poursuivant les bleus devant Laval, il se trouva seul, dans un chemin creux, aux prises avec un fantassin ; il le saisit au collet de la main. gauche, et gouverna si bien son cheval avec les jambes, que cet homme ne put lui faire aucun mal. Nos gens arrivèrent et voulaient tuer ce soldat ; Henri le leur défendit. « Retourne vers les républicains, lui dit-il ; dis-leur que tu t’es trouvé seul avec le général des brigands, qui n’a qu’une main et point d’armes, et que tu n’as pu le tuer. »

Après avoir enlevé Chemillé, et remporté un avantage à Trementine, les Vendéens s’abandonnaient avec ardeur à la poursuite des fuyards. Au nombre de ces derniers se trouvait un grenadier qui, désespérant d’échapper àlacavalerie, s’était caché derrière un buisson ; on.le fit remarquer à La Rochejacquelein : « Voilà un bleu, dit-il, que je veux voir de plus près. » Le grenadier se voyant découvert, avait déjà mis en joue un cavalier du groupe qui s’avançait vers lui, lorsque, entendant nommer le général, il changea la direction de son fusil et ajusta l’imprudent qui continuait d’avancer. Au moment où La Rochejacquelein allait saisir le grenadier, celui-ci lui fit sauter la cervelle et tomba presque aussitôt percé de coups. Une fosse fut creusée sur le lieu même, et l’on y jeta les deux cadavres.

Ainsi périt le 4 mars 1794-, à l’âge de 22 ans le brave Henri de La Rochejacquelein.

LA ROCHEJACQUELEIN (Louis, marquis de)

frère puîné du précédent, né en 4777 à Saint-Aubin-de-Beaubigné (Poitou), avait douze ans lorsque la Révolution éclata. Il suivit son père en Allemagne, fit ses premières armes dans le régiment autrichien de Latour, passa

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