Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/355

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Cependant, dès d808, la guerre encore et toujours lui, grandissant ensemble, ’ont passé du Nord au Midi de l’Europe. Aussitôt deux batailles nouvelles, celles de Rio-Secco et de Burgos viennent accroître sa renommée. A ces deux journées, aussi rapide dans ses dispositions que prompt dans l’attaque, qu’il dirige toujours droit au cœur de l’ennemi, quels que soient le danger et la supériorité du nombre, c’est la division qu’il commande qui remporte la victoire au pas de charge. Cinquante-neuf canons, douze drapeaux, et jusqu’aux cordes et aux chaînes de fer que les moines de l’armée ennemie avaient apportées pour le supplice de nos soldats, devinrent les trophées de ces deux victoires. Cinquante-neuf canons conquis en deux journées, voilà, avec tant d’autres bronzes russes et allemands pris de sa main, sa part de souscription à l’airain de notre glorieuse colonne ! Mais, en 1809, il en apportera et il en conservera plus encore.

L’Autriche, à ces feux lointains, comme en 1805 à ceux de notre ilottille, rallumant soudainement un nouvel incendie, en embrase, en le remontant, les bords du Danube ! Mais plus soudainement elle y rencontre Napoléon qu’elle croit encore sur le Tage. Dès le premier pas, lui-même applaudit à la manœuvre hardie et savante d’Abensberg, où son aide-de-camp Mouton prépara la victoire d’Eckmûhl. Ce coup de foudre annonce à l’ennemi l’Empereur. L’attaque de l’Autriche, surprise à revers, est renversée ; elle est forcée d’aller s’abriter derrière l’Iser. Cependant, à la faveur de cet obstacle, les corps autrichiens dispersés vont se réunir et rendre la victoire incertaine. Déjà le pont de Lànds-hûlt, qu’ils ont franchi, brûle aux yeux de l’Empereur ; et Napoléon lui-même s’arrête : il n’ose aventurer ses soldats sur ce brasier suspendu sur un abîme, que défendent de l’autre rive dès mil- : liers d’ennemis retranchés dans une position formidable. Mais, ce qu’il ne doit pas commander, son aide-de-camp l’exécute ! Il s’empare du premier régiment qu’il trouve là ; c’était le 17e ; et, l’entraînant, lui en tête : Marchons, s’écrie-t-il, et ne tirez pas ! Et les flammes qui consument le pont, et les feux autrichiens concentrés sur ce long et périlleux passage, rien ne l’arrête : il aborde, il rompt l’ennemi consterné, et, par ce sublime élan, il change.un combat disputé en une victoire rapide et complète.

L’armée autrichienne, par ce coup de guerre, est tranchée en deux et s’abandonne à une double déroute. Elle laisse entre nos mains trente canons, six cents caissons chargés, trois mille voitures, neuf mille prisonniers, et leur capitale elle-même, qu’il fallut pourtant disputer encore dans Esslingen.

Esslingen ! journée glorieuse et fatale, où la fortune, où les éléments conjurés nous trahirent ; où le fleuve ennemi, s’en-flant et s’interposant tout à, coup, livre à l’archiduc la tête de notre armée séparée du reste. Déjà Lannes a succombé ! Plus le combat devient inégal, plus il redouble d’acharnement.

A la vue de notre situation désespérée, de notre épuisement et de quelques planches fragiles, dernière ressource pour sauver ce qui reste de l’élite de l’armée avec son chef, l’Autriche entière en armes, accourant et se précipitant triomphante, accable et écrase de tous ses feux nos débris poussés et acculés contre le Danube !

Tout semblait perdu ; mais à l’avenir, que nos écolescitoyennes et que nos invo-cations guerrières n’aillent plus chercher dans l’antiquité d’autres exemples ! Désormais pour nous, entre tant d’autres, Esslingen et Lobau suffiront ! Qu’elles rappellent le vainqueur de Zurich, quand