Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/561

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décernés par Louis XV aux gardes les plus instruits, et avait déjà fait huit campagnes en 1778, lors de la déclaration de guerre à l’Angleterre. Il servait dans cette guerre sous les amiraux d’Estaing, de Guichon, de Grasse et de Vaudreuil ; il prit part, dans les années 1778 et 1779, aux expéditions de terre de l’amiral d’Estaing, lui sauva la vie à l’assaut de Savannah et reçut la croix de Saint-Louis en 1780.

En 1784, il coopéra aux travaux imposés à M. Choiseuil-Gouffier, ambassadeur à Constantinople, et était chargé d’instruire les Turcs dans l’art des fortifications, de l’artillerie, de la fonderie, de la construction des vaisseaux, etc. M. Truguet commandait une corvette pendant cette mission qui dura quatre ans et demi, et seconda parfaitement les vues du gouvernement.

De retour en France en 1789, il fut envoyé à Brest en 1790 pour y prendre le commandement d’une frégate destinée à une mission que les événements empêchèrent. Il fit alors un voyage en Angleterre pour y compléter ses connaissances nautiques, fut élevé à son retour au grade de contre-amiral, reçut en avril 1792 le commandement des forces navales de la Méditerranée, s’empara, par ordre du ministère, de Nice, de Villefranche et d’Oneille, tandis que le général Montesquiou s’emparait de la Savoie. Il fut chargé cette même année de coopérer, avec sa flotte, à la conquête de l’île de Sardaigne ; se disposait à bombarder Cagliari, lorsqu’une insurrection qui éclata parmi les troupes de débarquement l’obligea à lever le siège et à les rembarquer.

De retour à Toulon en mars 1793, il se rendit à Paris ; il obtint un Code pénal pour prévenir désormais l’insurrection, et à la suite de la fameuse journée du 31 mai, fut destitué, puis emprisonné lors de la publication de la loi des suspects. Mis en liberté à la mort de Robespierre, on le nomma ministre de la marine. Pendant ses deux années de ministère, il rétablit la discipline, créa des régiments d’artillerie, rappela tous les anciens officiers, s’occupa des colonies, fit reprendre l’offensive sur les Anglais, présenta au Directoire, qui l’adopta, un projet d’armement de forces navales pour jeter 30.000 hommes en Irlande, sous les ordres de Hoche, et 60.000 sur les côtes d’Angleterre et d’Écosse ; envoya dans les Indes une division de frégates pour combattre les Anglais, etc., etc.

Après la révolution du 18 fructidor, le portefeuille de la marine lui fut ôté et on lui donna pour dédommagement l’ambassade d’Espagne, que des ennemis puissants parvinrent à lui faire enlever. Exilé sous différents prétextes, il se retira en Hollande et y resta neuf mois. Une nouvelle révolution dans le Directoire le rappela à Paris. À son retour d’Égypte, Bonaparte lui offrit le ministère de la marine, qu’il refusa ; il fut nommé conseiller d’État.

En 1802, il reçut le commandement de l’armée navale combinée, réunie à Cadix, avec le titre éminent d’amiral en chef. À son pavillon amiral devaient se rallier les escadres de Linois, de Gantheaume et de Decrès. Si de pareilles mesures avaient été prises plus tôt, il est vraisemblable que l’Égypte, Malte et toute la Méditerranée restaient à la France. La paix d’Amiens ramena l’amiral à Paris.

Après la rupture de ce traité, Bonaparte confia à Truguet l’organisation de l’armée navale de Boulogne. Bientôt vingt et un vaisseaux furent prêts à recevoir l’armée expéditionnaire.

Lorsque le Tribunat conféra à Napoléon le titre d’Empereur, Truguet, dans une lettre devenue historique, exprima au premier Consul les motifs de son refus d’adhésion. Cette lettre lui valut une disgrâce qui dura cinq ans.

En 1809, l’Empereur l’appela