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la reprise des hostilités avec Abd-el-Kader, et sentant la nécessité de nous fortifier dans les provinces d’Oran et d’Alger, Valée proposa au gouvernement d’occuper les villes de Koléah et de Blidah. L’Émir, à cette nouvelle, invoqua le traité de la Tafna ; mais le maréchal passa outre, et, en mai 1838, occupa sans obstacle Blidah et Koléah, porta sur la Chiffa notre frontière de l’Ouest, et forma à l’Est des camps au Fondouck et sur les bords de l’Ouad-Kaddura. Il employa l’automne et l’hiver 1838 à organiser la province de Bône et à préparer l’avenir. Au commencement de 1839, le cabinet du 15 avril s’étant retiré, le maréchal Valée, qui se sentait peu connu des nouveaux ministres, envoya sa démission ; mais le roi et le duc de Dalmatie le décidèrent à la reprendre. À l’entrée de l’automne de cette année, Valée mit à exécution le projet qu’il avait conçu d’occuper définitivement le plateau de Sétif, et d’obtenir la soumission des tribus que les agents d’Abd-el-Kader travaillaient à soulever. C’est le 27 octobre que notre armée franchit le passage si redouté des Portes de fer. Le prince royal faisait partie de l’expédition et accompagnait le maréchal en novembre. Abd-el-Kader ayant prêché la guerre sainte, reprit les hostilités, franchit, le 24, la Chiffa sans déclaration préalable. L’effectif de notre armée était alors de 43.000 hommes, dont 35 seulement sous les drapeaux. L’Émir avait réuni toute son infanterie et sa cavalerie régulière, de nombreux contingents de Kabyles, les goums de la province de Tittery et d’une partie de celle d’Alger. Le maréchal se disposa à l’attaquer avec un corps de 3.000 hommes. L’infanterie arabe était défendue par des escarpements d’un difficile accès. Le 31 décembre, le maréchal attire les Arabes dans la plaine en avant de Bouffarik, non loin du cours de la Chiffa, s’élance sur eux à la baïonnette sans laisser tirer un seul coup de fusil, et bientôt la victoire la plus complète couronne ses cheveux blancs. Les bataillons réguliers de l’Émir furent détruits ; ses drapeaux, son artillerie tout entière tombèrent en notre pouvoir. L’Émir, lui-même en fuite, repassa l’Atlas, et Valée, obéissant à l’hiver, suspendit les opérations et rentra à Alger.

Le vieux maréchal voulait faire à l’Émir une guerre patiente et opiniâtre, anéantir ses principaux établissements, placer nos troupes et nos autorités dans des centres militaires et commerciaux, sur une ligne parallèle de Constantine à Tlemcen, rassembler dans chacun de ces centres une garnison assez forte pour en tirer une colonne de 3 à 4.000 hommes, destinée à combattre ou à châtier les tribus selon le besoin. Tel est le plan du gouverneur général auquel le gouvernement donna, en mai 1840, une entière approbation ; l’effectif de l’armée venait d’être porté à 57.000 hommes. La première division devait être commandée par le duc d’Orléans ; à la fin de février, le maréchal fit occuper Cherchell (antique Césarea). Abd-el-Kader avait choisi la position inexpugnable du col de Mouzaïa qu’il faisait encore fortifier. Mais le ministère du 1er mars remplaça celui du 12 mai ; le nouveau cabinet prescrivit au gouverneur général d’envoyer, dans les province d’Oran, une partie des troupes qu’il tenait réunies dans celle d’Alger. Le plan de campagne allait être totalement changé. Heureusement pour le vieux militaire qu’on allait si cruellement froisser, les avis se partagèrent dans le Conseil, et les projets de Valée, un instant repoussés, furent de nouveau adoptés.

Le duc d’Orléans partit pour se rendre à son poste, son frère d’Aumale l’accompagnait. — Cette campagne fut glorieuse pour le maréchal ; le prince royal et le duc d’Aumale