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par son arrêté du 20 ventôse suivant. Immédiatement après l’affaire de la Favorite, le général Victor marcha sur Bologne avec un corps de troupes que suivit bientôt une réserve de grenadiers sous les ordres du général Lannes. Il s’empara d’Imola et se porta ensuite sur le Senio où s’étaient retranchés 3 à 4.000 hommes des troupes du pape ; l’engagement ne fut pas de longue durée ; les Romains furent culbutés et mis en déroute au premier choc : on leur tua 4 à 500 hommes, et on leur enleva huit drapeaux, 14 pièces de canon et plusieurs caissons chargés de munitions. L’ennemi qui s’était réfugié dans Faënza, en ouvrit les portes aux Français dès qu’ils se présentèrent. Le général Victor continua sans obstacles sa marche sur Ancône. Il parut devant cette place le 21 pluviôse an V, et s’en empara sans coup férir. On y trouva 120 bouches à feu et plus de 4.000 fusils. Lors de l’insurrection des États de Venise, il alla se réunir au général Kelmaine qui était à Vérone. Il se porta ensuite sur Vicence, et le 9 floréal ses troupes campèrent devant Trévise et Padoue. Lorsque l’armée se trouva réunie dans les provinces de terre ferme, Victor rétrograda sur l’Adige et prit position le long de cette rivière.

Pendant que ces événements se passaient à l’extérieur, les manœuvres royalistes du parti Clichien avaient été déjouées à l’intérieur, et des adresses de félicitations arrivaient de toutes parts au gouvernement. Nous empruntons au Moniteur du 26 thermidor an V l’adresse ridiculement déclamatoire que le général Victor, commandant la 8e division de l’armée d’Italie, fit alors parvenir au Directoire exécutif : « En écoutant le cri de nos cœurs, nous nous faisons un devoir de vous exprimer notre juste indignation. Quoi ! la République triomphante par ses armées de tous les efforts des despotes coalisés, est insultée, trahie et plus exposée que jamais ? Quoi ! après avoir forcé nos ennemis extérieurs à nous demander une paix qui nous couvre de gloire, toutes les lois constitutionnelles, pour lesquelles nous avons versé tant de sang, seraient anéanties ? Pensent-ils, ces implacables ennemis de nos concitoyens, que les armées n’existent plus ? Où ont-ils pu s’imaginer qu’elles resteraient tranquilles spectatrices de leurs forfaits ? Plutôt mille fois mourir ! ! ! Les vertueux patriotes persécutés, assassinés ; les prêtres protégés, sonnant partout le tocsin de la discorde et de la guerre ; les royalistes levant leurs têtes criminelles, provoquant le meurtre et l’assassinat ; les émigrés, dégouttant encore du sang de nos frères d’armes, rentrant en foule pour partager des crimes dont l’horreur fait frémir, font des atrocités que ceux qui combattent depuis six ans pour conquérir leurs droits ne peuvent plus tolérer ! ! ! Oui, nous jurons guerre impitoyable à tous les ennemis de la liberté, de la République et du gouvernement ! ! ! Nous voulons que les lois constitutionnelles soient respectées, exécutées, et qu’elles frappent sans pitié tous les ennemis de notre juste cause. Il est temps d’apporter un terme à l’excès de leurs abominations. Plus d’indulgence, plus de demi-mesure : la République ou la mort. »

Après le traité de paix conclu à Campo-Formio, le 26 vendémiaire an VI, le général Victor rentra en France. Il fut employé à l’armée d’Angleterre le 23 nivôse, passa au commandement de la 2e division militaire (Nantes) le 27 ventôse, et retourna à l’armée d’Italie le 14 floréal de la même année. Vers cette époque, le général Bonaparte, commandant en chef de l’armée expéditionnaire d’Orient, lui écrivait de Toulon : « Lorsque vous recevrez cette lettre, je serai à l’extrémité de la Méditerranée. Vous deviez venir avec moi, mais le gouvernement