Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fort était éteint, les batteries démontées, les bastions démolis, et l’ennemi demandait à capituler. Le prince de Joinville avait pris une part plus considérable qu’on ne pouvait l’.attendre d’un aussi faible navire que la Créole ; il avait montré beaucoup d’audace et d’habileté dans la manière dont il avait attaqué sous voiles la batterie rasante de l’Est et le cavalier du bastion Saint-Crispin. Cependant les conventions conclues entre l’amiral’ et les Mexicains ayant été violées, on résolut une descente pour désarmer la garnison. Le 5 décembre, le débarquement s’opéra en trois colonnes ; le prince de Joinville commandait l’a-vant-garde de la colonne du centre, composée de 90 marins de la Créole. La porte du Môle, contre laquelle cette colonne était dirigée fut bientôt enfoncée au moyen de sacs à poudre ; le prince s’élança le-premier dans la ville et se dirigea au pas de course vers la maison où se trouvaient les généraux mexicains Santa Anna et Arista. Ce dernier fut saisi par un marin ide la Créole ; le prince arriva et reçut l’épée du général. Cependant la colonne de gauche éprouvait la plus vive résistance- à l’extrémité de la ville, le prince y court avec ses marins ; déjà il a commencé le siège d’une grande caserne, déjà les blessés et les morts tombent autour de lui lorsque l’amiral Bau-din donne l’ordre de se rembarquer. Les résultats qu’on désirait étaient obtenus.

Le 10 février 1839, le Roi décora le jeune commandant de la Créole de la crois de la Légion-d’Honneur et l’éleva au grade de capitaine de vaisseau.

Au mois de mai suivant, le prince prit à Cherbourg le commandement de la frégate la Belle-Poule, vint s’embarquer à Toulon’ et rejoignit l’escadre d’évolutions commandée par l’amiral Lalande ; il fut nommé chef d’état-major de la division navale ; fit bientôt voile vers le


Levant sur le Jupiter et débarqua à Con-stantinople. Un épouvantable incendie ayant éclaté à Péra et à Galala menaçait d’engloutir le plus riche quartier de la capitale, lorsque le prince accourut à la tête de ses marins et dirigea les plus actifs secours. Son intrépidité et celle de son équipage parvinrent à préserver la ville du plus immense danger.

De Constantinople il rejoignit l’escadre à Smyrne et débarqua à Toulon à la fin de décembre.

En 1840, le prince de Joinville eut l’honneur d’associer son nom à l’un des événements qui a le plus profondément impressionné la génération présente : le transfèrement en France des restes mortels de l’empereur Napoléon. L’expédition commandée par le prince se composait de la frégate la Belle-Poule, de la corvette la Favorite et du brick l’Oreste. Le prince partit le 7 juillet de Toulon, accompagné de. quelques-uns des vieux serviteurs de l’Empereur, parmi lesquels étaient les généraux Bertrand et Gour-gaud, de M. de Las - Cases fils, de M. Hernoux, son aide-de-camp et du comte de Rohan-Chabot, chargé de présider comme commissaire du gouvernement à l’exhumation. Le 8 octobre, après une traversée de 90 jours, la frégate arrivait à Sainte-Hélène. Commencée le lb octobre à minuit, l’exhumation des glorieux restes était terminée le 16 à trois heures. Toutes les opérations jusqu’à l’arrivée du cercueil impérial au lieu de l’embarquement devant être conduites par des soldats étrangers, le prince, par un motif de haute convenance, et en sa qualité de commandant supérieur de l’expédition, n’avait pas assisté à des travaux qu’il ne pouvait diriger. Il ne voulait paraître sur la terre anglaise qu’à la tête de l’état-major des bâtiments français. Au moment où le convoi arriva à l’extrémité désignée, il s’avança seul, et