Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28

C’est ainsi que la famille Thiollier, au cours de l’année 1847, s’installa dans un modeste appartement du quai de Béthune n° 32, au voisinage de l’église de Saint-Louis-de-l’Île. Un ancien professeur du collège d’Oullins accepta les fonctions de précepteur de Lucien, d’Antonin et d’Eugène Thiollier et fit en diligence avec ses élèves le voyage de Saint-Étienne à Paris.

C’était l’abbé Lacuria.

Ce saint prêtre, une des figures les plus originales du clergé du xixe siècle et dont le romancier Huysmans devait plus tard s’enthousiasmer, exerça sur Félix Thiollier une influence qui laissa une empreinte indélébile. À la fois philosophe mystique, savant et artiste, naïf, simple et charitable comme le curé d’Ars ; poète à la façon de saint François d’Assise ; traversant la vie avec le dédain de la réalité ; n’entendant rien aux choses pratiques ; sensible aux moindres échos de l’idéal ; admirateur


    Antonin Thiollier était né à Saint-Étienne, le 16 février 1831.
    Comme son frère Lucien, élève du collège d’Oullins dirigé par l’abbé Dauphin, puis élève de l’abbé Lacuria, il se présenta à l’École polytechnique, fut admissible et entra à l’École des mineurs de Saint-Étienne avec la promotion de 1853.
    Dès qu’il eut son diplôme d’ingénieur, il fut nommé préparateur à l’École où il exerça ces fonctions de 1855 à 1865, en même temps qu’il était professeur au lycée, à l’institution Dubois, et qu’il s’occupait d’expertises judiciaires.
    Successivement, il fut directeur des mines de Montaud, à Saint-Étienne ; des mines de Kef-Oum-Théboul, en Algérie, et d’une industrie chimique à Septèmes (Bouches-du-Rhône).
    Cette dernière affaire ne lui procura que des déboires. Appelé à Denver, dans l’État de Colorado (États-Unis) pour diriger une exploitation de nickel, il y demeura trois ans. À son retour il se fixa à Paris où il mourut le 20 mars 1886.
    Il avait épousé mademoiselle Magnard dont il eut cinq enfants : Élisa, décédée il y a plusieurs années, Marguerite, Jean, Édouard et Joseph.
    C’était un savant sentimental et bon, qui se distrayait de ses remarquables travaux sur le chlore, le brome et le nickel, en cultivant la musique pour laquelle il avait une passion.

    Eugène Thiollier naquit à Saint-Étienne le 5 février 1837 ;
    Représentant de M. Descours, fabricant de rubans, il fut envoyé à Londres où il se fixa.
    Il épousa une Anglaise, mademoiselle Charlotte Rowe, et eut trois enfants : un fils et deux filles.
    Il mourut le 21 août 1908.