Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/124

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messe précédente dans la première formule, et partant, il n’y avait aucun motif de prêter un serment spécial à ce sujet, mais, le législateur, paraît-il, n’en jugeait pas ainsi, et pensait qu’après tout abondance de bien ne nuit jamais. En conséquence, on exige, des sous-préfets, un serment authentique par lequel cet engagement obligatoire est constaté sans l’ombre d’ambiguïté.

Havelaar prit encore une fois à partie, le Dieu Tout-Puissant, et promit devant lui de protéger la population indigène contre l’oppression, les mauvais traitements et la concussion.

Un observateur intelligent n’eût pas manqué de faire attention, en cette occurrence, à la différence de maintien et de ton, existant entre le préfet et Havelaar. Tous deux, ils avaient déjà assisté à des solennités du même genre. Cette différence ne provenait donc pas du plus ou moins d’habitude qu’ils pouvaient en avoir, elle n’était causée uniquement que par la divergence de leurs caractères.

Le préfet parla bien un peu plus vite qu’à l’ordinaire ; il n’avait qu’à lire le décret et les serments, ce qui lui évitait la peine de chercher la fin de ses phrases ; mais il ne sortait pas d’un sérieux, qui, aux yeux du vulgaire devait prouver toute l’importance attachée par lui à cette affaire là. Havelaar, au contraire, tout en tenant le doigt levé, et en répétant scrupuleusement les décrets, avait l’air de dire, par l’accentuation de son débit, par le laissez-aller de sa contenance : tout cela va de soi, et je ferais bien tout ceci, sans que le Dieu Tout-Puissant ait besoin de s’en mêler.

En somme, il était évident pour tout homme se connaissant en hommes, que la prétendue nonchalance