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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/144

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l’atmosphère de l’Orient qui respire la poésie, il n’aurait probablement pas parlé autrement même s’il n’avait jamais lu les poëmes magnifiques de l’Ancien Testament.

Ne trouvons-nous pas, dans les poésies qui datent de sa jeunesse, des vers comme ceux-ci, écrits sur le Salac, — l’un des géants, mais non le plus élevé, parmi les monts des régences de Préang, — où, le commencement peint la douceur de ses sensations, pour passer, d’un seul bond, à l’impression qui lui permet de se faire l’écho du tonnerre qu’il entend au-dessous de lui :

. . . . . . . . . . . . . . .


» Ici il est plus doux de chanter les louanges du Créateur !…
La prière sonne bien le long des montagnes et des collines…
Ici le cœur s’élève, bien plus que là-bas :
On est plus près de son Dieu sur les sommets des montagnes !
Ici est son autel, ici sont les voûtes de son temple,
Que nul homme n’a jamais encore profané de son pied,
Ici il vous parle dans l’orage qui gronde…
Il trace avec la foudre son nom de Majesté ! »

. . . . . . . . . . . . . . .


Et ne sent-on pas, qu’il n’aurait pu écrire ainsi les derniers vers, s’il n’avait pas entendu réellement, comment le tonnerre de Dieu les lui dictait, dans ses tremblements éclatants sur les flancs des montagnes ?

Mais, il n’aimait pas les vers, « c’était un corset difforme  » disait-il ; et quand on avait réussi à lui faire réciter quelque chose de ce qu’il avait « commis jadis », il s’amusait à gâter son propre ouvrage, en le récitant sur un ton, qui devait le rendre ridicule, ou en s’interrompant, tout à coup, au passage le plus sentimental, pour lancer un trait piquant qui mettait ses auditeurs mal à leur aise, mais qui