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IX.


Combien de temps, lecteur, pourrais-je bien faire planer, en l’air, une intéressante héroïne ?… C’est à dire combien de temps me donneriez-vous pour vous décrire un château sans jeter mon livre de côté pendant que mon héroïne planerait ?… Et à quel moment me faudrait-il lui laisser toucher terre ?

Je donnerais, je ne sais quoi, pour le savoir, au juste.

Si, dans l’intérêt de mon récit, il me fallait la faire sauter par la fenêtre, un premier étage me suffirait… oui… je le choisirais, de préférence.

Quant au château je m’arrangerais pour qu’il ressemblât à tous les châteaux, et qu’il n’y eut pas grand’chose à en dire.

Mais, vous pouvez dormir sur les deux oreilles.

La maison de Havelaar était un joli rez de chaussée ; et l’héroïne de mon livre, n’est autre que Tine… oui, mon Dieu… Tine… tout simplement, Tine !… l’aimable, la fidèle, la non-prétentieuse Tine. Elle ! une héroïne ! Pourtant, elle ne s’est jamais jetée par la fenêtre.

En finissant le chapitre précédent, j’ai promis au lecteur de varier ses plaisirs. Qu’il me pardonne, mais je n’avais pas la moindre intention de tenir ma promesse. C’était tout simplement pour lui mettre l’eau à la bouche. Pourquoi varier ? Pourquoi de la