Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/173

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que lorsqu’on ne vole pas le bien du prochain, on peut reposer tranquillement sa tête sur son oreiller ! Ces tableaux-là ne vous saisissent-ils pas d’horreur ! Ne vous sentez-vous pas le cœur serré, en réfléchissant au sort qui attend tous ces insensés-là, le jour où retentira la trompette du jugement dernier, de cette trompette qui séparera les bons des méchants ! N’entendez-vous-pas — oui, vous l’entendez, car vous avez lu dans le sens du texte de mon sermon que votre Dieu est un Dieu tout-puissant, un Dieu de juste vengeance ! — oui, vous l’entendez le craquement des os et le pétillement des flammes de la géhenne éternelle ! C’est là qu’il y en aura, des pleurs et des grincements de dents ! C’est là qu’ils brûleront, sans mourir, car leur peine n’aura pas de fin ! C’est là, que la flamme caressera de sa langue cruelle et insatiable les victimes de l’incrédulité !… Et elles auront beau crier, brailler, pleurer, ces victimes infortunées !… C’est là que le ver rongeur de l’éternité percera le cœur, toujours vivant, de ceux qui renient Dieu ! Voyez enfin ce qu’on fait de la peau noire et fanée de l’enfant non baptisé ! de cet enfant, qui à peine né a été lancé, du sein de sa mère dans l’abîme de la damnation éternelle ! On l’écorche ! on la tanne ! on la brûle !

Au moment où Caquet prononçait ces terribles paroles, une dame se trouva mal.

Caquet continua imperturbablement : » Mais Dieu, mes chers auditeurs, est un Dieu d’amour ! Il ne veut pas que le pêcheur périsse ! Il lui accorde la béatitude, en lui octroyant la foi en Jésus-Christ, en lui donnant la foi ! Et la Hollande, l’élue de Dieu, doit remplir sa tâche généreuse et chrétienne,