Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/208

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Djiwa. À plusieurs reprises j’avais proposé, au préfet, de construire une digue, à Natal. Je voulais tout au moins y établir un port de refuge, à l’embouchure du fleuve pour aider, pour créer le commerce dans le district de Natal. Ce n’était ni du temps, ni de l’argent perdu, Natal reliant l’importante contrée de Battah à la mer. Un million et demi d’habitants ne savaient véritablement pas quel chemin faire prendre à leurs produits, la rade de Natal étant — et à juste titre — aussi mal famée. Ces propositions ne furent pas approuvées par le préfet, ou tout au moins, il prétendit que le Gouvernement ne les approuverait pas. Vous savez, mes amis, que les préfets ne proposent jamais que ce qui, d’après eux, doit plaire au Gouvernement. La construction d’un port à Natal était, en principe, contraire au système de fermeture adopté par le Gouverneur. Loin d’y attirer la navigation, on défendait d’admettre en rade, même des navires de long cours, à moins cependant qu’il ne se présentât un cas de force majeure.

Si, par hasard on faisait exception pour un navire, c’était pour un baleinier américain, ou pour des Français portant cargaison de poivre, et ramenant leurs chargements de petits empires, plus ou moins indépendants, situés dans la région septentrionale. En ces cas là, je me faisais toujours adresser, par le capitaine, une lettre dans laquelle il demandait la permission de renouveler sa provision d’eau douce.

L’irritation que je ressentais en voyant échouer tous mes efforts, au sujet de ce port, si utile à Natal, ou, si vous voulez, mon orgueil froissé à l’idée qu’il ne m’était pas possible de réaliser ce projet, tout cela se joignant au rejet de ma candidature, concernant l’organisation d’un système solaire,