ceintures, et des robes, je les ornerai, je les peindrai ; enfin, je saurai m’occuper depuis le matin jusqu’au soir.
— Je te crois, Adenda, mais si j’allais te retrouver mariée.
— Saïdjah, tu le sais bien, je n’épouserai jamais personne autre que toi. Nos pères nous ont fiancés l’un à l’autre.
— Et toi ?
— Moi, je me marierai avec toi… tu peux en être sûr.
— Quand je reviendrai, j’appellerai… de loin…
— Qui t’entendra, si nous sommes en train de piler du riz, dans le village ?
— C’est vrai… mais tiens, voici une meilleure idée… Adenda, tu m’attendras, près la forêt de chênes, sous l’arbre où pour la première fois tu m’as donné la fleur du jasmin.
— Mais, Saïdjah, comment savoir le jour où il faudra t’attendre sous l’arbre ?
Saïdjah réfléchit un instant, puis il ajouta :
— Tu n’as qu’à compter les lunes. Je resterai absent, pendant trois fois douze lunes… sans compter celle-ci. Écoute moi bien, Adenda ; à chaque nouvelle lune tu feras une entaille sur ton billot à piler. Quand tu en auras fait trois fois douze, j’arriverai sous l’arbre… mais le jour suivant, seulement… ! me promets-tu d’y être ?
— J’y serai, Saïdjah. À ton retour, tu me trouveras sous l’arbre, près la forêt des chênes.
Saïdjah déchira une bande de la mousseline bleue, et usée, qui enveloppait sa tête, et il la donna à Adenda, comme un gage de souvenir, et d’amour ; puis il la quitta, et s’éloigna de Badour.
Il marcha plusieurs jours.