Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/362

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Il devint grand et fort. Il mangeait tous les jours, ce à quoi il n’était pas habitué à Badour.

On l’aimait à l’écurie, et, certes, on ne l’aurait pas éconduit s’il avait demandé la main de la fille du cocher.

Son maître lui-même était si content de Saïdjah, que, peu après, il l’éleva au grade de valet de chambre.

Ses gages furent augmentés, et on le combla de cadeaux, tant on était satisfait de ses services.

La femme de son maître venait de lire un roman d’Eugène Sue, qui faisait tant de bruit à cette époque. Ce roman avait pour titre : le Juif Errant. En voyant Saïdjah, elle pensait à Djalma ; et presque toutes les jeunes filles comprenaient mieux qu’auparavant comment le peintre javanais Kadhen-Saleh avait pu jouir à Paris d’une si grande renommée.

Mais, le jour où, après trois ans de service, Saïdjah demanda son compte, et son certificat de bonne conduite, on trouva qu’il n’était qu’un ingrat. On ne put néanmoins les lui refuser, et Saïdjah se mit en route, le cœur léger.

Il passa à Pising !…

Il y avait long-temps déjà qu’Havelaar y avait demeuré ; mais, Saïdjah ignorait ce détail, et l’eut-il connu il avait bien autre chose dans la tête, et dans le cœur !… Il comptait les richesses qu’il rapportait au pays.

Il avait sa feuille de route, et son certificat de bonne conduite dans un étui de bambou.

Un autre étui, suspendu à son cou par un cordon de cuir, pendait sur son épaule ; cet étui paraissait lourd ; mais, Saïdjah ne se plaignait pas de son