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occasionné bien des ennuis de ménage. Pourtant, lecteur, il me faut reconnaître que ce livre sort aussi du paquet en question. Je vous l’expliquerai tout-à-l’heure, en règle, désirant qu’on me tienne pour un véritable ami de la vérité et pour un honnête commerçant. Notre raison sociale est : Last et Co commissionnaires en cafés, Canal des Lauriers, n°. 37.

Frédéric se mit alors à réciter une chose pleine de non sens, ou plutôt vide de bon sens. Un jeune homme écrivait à sa mère qu’il était tombé amoureux fou d’une jeune fille, et que sa fiancée s’était mariée à un autre, — en quoi, elle avait grandement raison, selon moi ; — malgré cela ce jeune homme aimait beaucoup sa mère. Voilà une aventure bien claire, et trouvez-vous qu’il faille beaucoup de phrases pour la raconter ? Eh bien ! J’ai mangé un petit pain avec du fromage, j’ai pelé deux poires, et j’aurais eu le temps de consommer la seconde, avant la fin du récit de Frédéric. Mais Louise pleurait, de nouveau, et toutes les dames déclaraient que c’était bien beau. Mon Frédéric, pensant, je crois, avoir fait quelque chose d’héroïque, déclara qu’il avait trouvé cette rapsodie dans le paquet de l’Homme-au-châle. J’expliquai à la partie masculine de l’assemblée comment cela se trouvait chez moi. Mais, je me gardai de parler de la Grecque et de la ruelle de la Chapelle, à cause de Frédéric. Tout le monde m’approuva, et l’on dit que j’avais bien fait de me débarrasser de cet individu. Vous verrez tout-à-l’heure que dans cette liasse de papiers, il y avait des œuvres plus solides de fond ; le présent ouvrage en contient quelques échantillons. Somme toute, les Ventes de cafés