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Récit fait par Frédéric.




Mère ! quoique éloigné du pays,
Où je reçus le jour,
Où perlèrent mes premières larmes,
Où je grandis sous tes yeux…
Où ta sollicitude maternelle voua
Ses soins à l’âme de ton enfant,
Et tout amour veilla à mes côtés,
Me tendant la main après chaque chute…
Bien que le sort semblât déchirer
Les liens qui nous attachaient l’un à l’autre…
Et que je sois seul sur la rive étrangère,
Avec moi-même, et Dieu…

Ni la peine, ni la joie,
Ni la douleur n’en doute pas,
N’ont ébranlé le cœur de ton adoré,
Et son amour, pour toi, ma mère !

Deux années se sont à peine écoulées,
Lorsque, là-bas, pour la dernière fois,
Silencieux, aux bords de la mer,
Je regardai, en face, l’horizon…
Lorsque j’invoquai à travers l’espace
Le bel avenir auquel je m’attendais,
Et, dédaignant audacieusement le présent,
Je me créai des paradis…
Lorsque le cœur m’éclairant