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Et mon esprit en extase
Montait en grâces, et en prières,
Pour elle seule, comme encens, au Très-Haut !


Cet amour a été mon souci,
L’inquiétude a tourmenté ma vie,
Et une douleur aiguë
A percé mon tendre cœur.
Je n’ai recueilli que de l’angoisse et de l’affliction,
Là où je m’attendais à l’extrême jouissance,
Et au lieu du bonheur auquel je tendais
Ma vie a été empoisonnée, et abreuvée d’amertume…


Souffrir en silence m’était une volupté !
Inébranlable, je restais plein d’espérance,
L’adversité me la rendait plus chère :
Pour elle il m’était doux de tout endurer, de tout supporter !
Je ne comptais ni malheurs, ni calamités,
Le chagrin m’était joie,
Je voulais subir tout, tout,…
Pourvu que le sort ne me privât pas de celle que j’aimais !


Cette image pour moi la plus belle sur la terre,
Que je portais en mon cœur
Comme un trésor inestimable,
Et que je gardais fidèlement…
M’était jadis étrangère !
Et quand même cet amour durerait
Au-delà de mon dernier soupir,
Qui, dans une meilleure patrie,
Enfin, me la rendra…
Il eut, pour moi, un commencement !