Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’espérais que ce fonctionnaire arriverait promptement, ou tout au moins, ce mois-ci.

Je viens d’apprendre par vous que mon remplaçant ne pouvait arriver aussi vite ; — vous avez, je crois, entendu dire cela à Serang, — et, en même temps, que le préfet s’étonnait, dans la position exceptionnelle où je me trouve, de ne pas me voir remettre mon administration entre vos mains.

Rien ne pouvait m’être plus agréable que cette nouvelle.

Je n’ai pas besoin de vous assurer, n’est-ce pas, que moi, qui ai déclaré ne pouvoir servir autrement que je ne l’ai fait jusqu’ici, moi, qui pour cette façon d’entendre mon service me vois blamé, frappé d’un déplacement ruineux et déshonorant, forcé de trahir les pauvres gens qui se fiaient à ma loyauté, réduit à choisir ainsi entre le déshonneur et le manque de pain, je ne pouvais pas voir sans peine, et sans ennui une affaire quelconque se présenter sous ma juridiction.

Oui, l’affaire la plus simple me pesait, placé comme je l’étais entre ma conscience et les principes d’un Gouvernement auquel je dois fidélité, aussi longtemps que je ne me serai pas fait relever de mes fonctions.

Ma situation était surtout difficile en présence des plaignants, qui venaient me demander une réponse.

N’y avait-il pas eu un jour où je m’étais engagé à faire en sorte que nul indigène n’eût à redouter la rancune de ses chefs ?

N’y avait-il pas eu un jour où, assez imprudemment, j’avais donné ma parole d’honneur, comme garantie de la justice du Gouvernement.

La malheureuse population ne pouvait savoir que cette promesse, et cette garantie étaient désavouées