Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
33

Et les souvenirs d’enfance,
Souvent invoqués et célébrés,
Ne se trouvent pas, pour moi, sous ce ciel :
Un cœur solitaire ne connaît pas de joie.
Le sentier de ma vie est rapide, et couvert de ronces,
Je me courbe sous l’adversité,
Et le fardeau dont je suis chargé,
M’étreint et me déchire le cœur…
Ils en sont témoins les pleurs
Que je verse, au sein de la nature,
Dans les heures de lassitude
Où ma tête tombe de tristesse…

Alors, épuisé, cette plainte s’est presque
Fait entendre au milieu de mes souffrances :
» Père ! donne-moi parmi les morts,
» Ce que la vie ne m’a pas donné,
» Père ! donne-moi là-haut,
» Entre les bras de la mort,
» Père ! donne-moi là-haut,
» Ce que je n’ai pas goûté ici-bas… le repos ! »

Mais, restant… sur mes lèvres,
Cette prière n’arrivait pas au Seigneur,
Je me mis à deux genoux,
Et je sentis m’échapper un soupir,
Qui signifiait :  » pas encore, ô Seigneur !
Rends-moi ma mère, d’abord ! »