Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/47

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Frédéric cette fameuse pièce de la veille, et je trouvai bientôt le vers qui avait fait émietter le petit pain d’Elizabeth. On y parle d’un enfant à la mamelle, — ça peut encore passer, — mais « à peine sorti du sein » voyez-vous, c’était là une expression que je ne trouvais pas convenable — d’employer, bien entendu — et ma femme non plus. Marie a treize ans. On ne parle pas chez nous de « chou » ou de choses semblables ; mais appeler ainsi les affaires par leur nom, cela ne se doit pas non plus, parce que je tiens essentiellement à la moralité. Je fis promettre à Frédéric, maintenant qu’il savait la pièce « extérieurement » comme dit Stern, de ne plus la réciter jamais — au moins pas avant d’être membre du club Doctrina, où ne viennent pas de jeunes filles — et j’enfermai les vers dans mon pupitre. Mais il me fallait savoir s’il ne se trouvait pas dans ce paquet autre chose pouvant causer du scandale. Je me mis donc à chercher et à feuilleter. Je ne pouvais pas tout lire, car j’y trouvais des fragments en langues qui m’étaient inconnues, et voilà que mes yeux s’arrêtèrent sur un chapitre intitulé : Rapport sur la culture du café dans la résidence de Menado.

Je sautai de joie, car je suis commissionnaire en cafés, — Canal des Lauriers, no. 37 — et Menado est une bonne marque. Ainsi cet Homme-au-Châle, qui faisait des vers si immoraux, avait travaillé dans le café aussi. Maintenant, je regardai le paquet d’un tout autre œil, et j’y trouvai des pièces qui, bien que je ne les comprisse pas toutes, dénotaient réellement une connaissance des affaires. Il y avait des inventaires, des déclarations, des calculs en chiffres, sans ombre de rime, et le tout était exécuté avec tant de soin et d’exactitude, que, franchement, —