Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/66

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Elle se trouvait fort à son aise, ne semblant pas le moins du monde se douter qu’elle ne ressemblait en rien aux autres femmes. Aussi je pus m’apercevoir que ma visite ne l’embarrassait nullement. Elle ne cacha rien sous la table, ne changea pas une chaise de place… en un mot, elle ne fit rien de ce qu’on a l’habitude de faire, quand on reçoit la visite d’un étranger de distinction.

Ses cheveux, comme ceux d’une chinoise, étaient relevés et attachés derrière la tête, à l’aide d’une tresse. Plus tard j’ai appris que son vêtement était de mode indoue, et s’appelait simarre, ou robe de chambre, dans ce pays-là ; de toutes façons, c’est, bien laid.

— Êtes-vous la femme de l’Homme-au-châle ? lui demandai-je.

— À qui ai-je l’honneur de parler ? me répondit-elle, et cela sur un ton qui me fit sentir qu’elle s’attendait à me voir mettre plus de civilité dans ma question.

Moi, je n’aime pas les cérémonies. En face d’un commettant, c’est autre chose, et je suis depuis trop longtemps dans les affaires, pour ne pas savoir vivre ; mais, franchement, à un troisième étage je ne trouvais pas si nécessaire de faire tant de frais. Je dis donc très sèchement que j’étais monsieur Duchaume, commissionnaire, Canal des Lauriers, n°. 37, et que je désirais parler à son mari.

Elle m’indiqua une mauvaise chaise de paille, et prit sur ses genoux une fillette, qui jouait à terre. Le petit garçon, que j’avais entendu chanter, me regardait fixement, me toisant des pieds à la tête. Lui, non plus, il ne paraissait pas gêné. C’était un enfant de six ans environ, habillé aussi d’une étrange façon. Son large pantalon lui descendait à