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signe de noblesse que la dénomination d’une personne chargée d’une certaine fonction.

Au moyen-âge prévalait sans doute l’opinion que l’empereur d’Allemagne avait le droit de nommer des comtes, c’est-à-dire des gouverneurs de province, et des ducs, c’est-à-dire des chefs d’armée ; tandis que les barons prétendaient, par leur naissance, être les égaux de l’empereur lui-même et dépendre uniquement de Dieu, sauf l’obligation de servir l’empereur, qui lui-même était nommé avec leur consentement et choisi parmi eux.

Un comte était revêtu d’une charge à laquelle l’empereur l’avait appelé ; un baron se disait baron „ par la grâce de Dieu ”. Les comtes représentaient l’empereur, et comme tels portaient son blason, c’est-à-dire la bannière de l’empire. Un baron rassemblait une armée sous sa propre bannière, comme seigneur banneret.

Les comtes et les ducs, étant ordinairement pris parmi les barons, ajoutaient à l’influence de leur lignée, l’importance de leur fonction, qui, peu à peu, devint héréditaire. La conséquence fut qu’on préféra les titres de comte et de duc à celui de baron. Mais, encore aujourd’hui, on trouverait mainte famille seigneuriale, native du pays, sans patente d’empereur ni de roi, et qui se disant noble d’extraction aborigène, répudie son élévation au titre de comte. Les exemples n’en sont pas rares.

Les gouverneurs ou comtes tâchaient naturellement d’obtenir de l’empereur que leurs fils ou leurs héritiers succédassent à leurs fonctions. C’est ce qui arrivait fréquemment, quoique probablement le droit à la succession n’eût jamais été reconnu en principe, au moins dans les Pays-Bas, quant aux comtes de Hol-