Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/98

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et, tout en les palpant, il se mit à raconter que, peu d’instants auparavant, dans la plaine, un Javanais lui avait couru après, pour lui demander s’il ne pouvait en rien soulager la population du joug qui l’écrasait.

— Et, continua-t-il, ça vaut la peine d’y réfléchir, Dipanon ! Ce n’est pas que l’affaire me surprenne : je vis depuis assez longtemps à Bantam pour savoir ce qui se passe ici ; mais qu’un Javanais de la classe la plus basse, qu’un pauvre diable, d’ordinaire si circonspect et réservé au sujet de ses chefs, demande pareille chose à quelqu’un que cela ne regarde pas, il y a là de quoi s’étonner à juste titre.

— Et qu’as-tu répondu, Declari ?

— Mais que cela ne me regardait pas ! Qu’il devait se plaindre soit à toi, soit au nouveau sous-préfet, dès que celui-ci serait arrivé à Rangkas-Betoung.

— Les voilà qui viennent ! s’écria tout-à-coup Dongso. Je vois un agent qui fait un signal avec son chapeau.

Tous se levèrent.

Declari ne voulant pas, par sa présence, avoir l’air d’être venu aux frontières pour complimenter le sous-préfet qui, bien que son supérieur, n’était pas son chef immédiat, et qu’il avait traité de fou, monta à cheval et s’en alla suivi de son domestique.

Le Prince-Régent et Dipanon, placés à l’entrée de la tente, virent arriver une voiture de voyage à quatre chevaux, qui s’arrêta bientôt, toute pleine de boue et de fange, devant la petite construction en bambou.

Il eut été difficile de deviner le contenu de ce véhicule avant que Dongso, assisté par les coureurs et un grand nombre de domestiques de la suite du Prince-Régent, n’eût détaché les sangles et les nœuds