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TÄSHHORN

furent dépensées à glisser lentement ou à dégringoler sur des pentes de pierres coupées de gazon. Nous tournâmes alors à droite sur un terrain plus uni. Mais les guides refusèrent d’aller plus loin dans cette direction, objectant qu’il y avait là au devant de nous, de terribles précipices, et que, dans les ténèbres d’une nuit d’orage, il était ; presque impossible de s’y diriger avec une sécurité suffisante. Les guides encore une fois se mirent à dormir profondément pendant que, fatigués, nous attendions les premiers signes du matin. Une bande lumineuse vient à la fin disperser les ténèbres, nous voyons à peu de distance la sombre ligne des forêts et nous la rejoignons immédiatement. Un feu flambe bien vite et nous essayons de nous réchauffer ; mais, quoique nos pieds et nos mains soient à peu près rôtis et notre figure brûlée, le reste nous semble, peut-être par contraste, plus froid qu’avant et nous grelottons péniblement devant le pétillement des sapins.

Aussitôt le grand jour venu, nous transportons nos lourdes personnes à travers la forêt, le long et en bas des pâturages, enfin à 5 h. 30 mat. nous entrons dans la petite auberge blanche de Randa. Nous éveillons le propriétaire qui nous fait vite un beau feu. Vient un déjeuner chaud ; puis, après avoir rendu justice à ses efforts culinaires, nous grimpons dans un char-à-bancs tout branlant et nous revenons ainsi à Zermatt.

Burgener était dans les meilleures dispositions ; il avait une joie intense à penser que notre non retour, la nuit précédente, aurait donné l’alarme, et que nous aurions l’important privilège de rencontrer une caravane de secours, dûment équipée pour le transport de nos restes en morceaux. Mon mari, lui, n’entre pas tout à fait dans ces sentiments, car il semble avoir une juste