couloirs de neige commodes ; avec les yeux de la foi, mais avec quelque difficulté pourtant, nous discernions de bonnes fissures, arêtes ou traversées, réunissant l’un des systèmes à l’autre. Ayant ainsi déterminé un plan de route excellente, à supposer qu’on pût se fier aux yeux de la foi, nous décidâmes de le mettre à exécution. En conséquence, le 1er août 1881, nous voici rassemblés, à 1 h. mat., dans le salon de l’hôtel du Montenvers[1]. Burgener malheureusement se trouve indisposé et il faut lui donner quelques doses de chartreuse et de cognac avant qu’il puisse se mettre en route. Quelque peu retardés par cet incident, il est 2 h. mat. quand nous partons. Nous passons le reste de la nuit à nous débattre impitoyablement au milieu de clapiers sans fin et de crevasses obstruées par des moraines. Après avoir tourné le promontoire de Trélaporte, nous laissons la Mer de Glace et remontons quelques arêtes gazonnées. Nous les suivons en appuyant toujours à gauche, jusqu’à ce que nous arrivions au petit Glacier de Trélaporte. Dans notre inspection préalable,
- ↑ Une note technique relative à cette belle première ascension fut publiée dans l’Alpine Journal de novembre 1881, vol. X, p. 357, et le récit de l’expédition, de la plume de Mummery, parut dans le même périodique, vol. XVI, p. 166-74. L’escalade du sommet Nord (3,478 m.) eut lieu le 3 août 1881 et celle du sommet Sud, point culminant (3,482 m.) le 5 août 1881. De nombreuses tentatives avaient été faites auparavant pour atteindre ce difficile sommet. Parmi celles-ci, nous dit le Rév. W. A. B. Coolidge (Alpine Journal, X, p. 399), le plus grand nombre avait eu lieu par l’arête Sud-Ouest, au cours desquelles une hauteur très élevée (le point où les lettres C P sont peintes) [Voyez la note, page 126] fut atteinte par MM. Stephen ( ?), Dent, Maund, et d’autres membres de l’Alpine Club.
La première tentative directe depuis la Mer de Glace fut faite, croit-on, par M. Wallroth en 1873, mais les résultats acquis par cet explorateur et par ceux qui le suivirent dans cette direction montrèrent la grande improbabilité d’un succès par cette face. Au début du présent chapitre, A. F. Mummery décrit précisément une tentative faite le 1er août 1881 sur ce côté du Grépon.
En 1878, MM. J.-W. Hartley et W.-E. Davidson atteignirent les premiers, par la route suivie depuis par Mummery dans son ascension, un point situé à moitié chemin environ entre la dépression qui sépare les deux