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LE GRÉPON

apercevions maintenant, était presque, sinon tout à fait, hors de question. Burgener dit qu’il était tout disposé à aller plus loin, mais que cela comporterait nécessairement pour nous une nuit dans le rocher. Les provisions étaient trop insuffisantes pour nous le permettre ; aussi, après une heure de halte, l’opinion générale se prononçât-elle clairement en faveur de la descente.

Nous revenons par la route prise il la montée en y apportant une variante, quand nous atteignons le Glacier de Trélaporte. Au lieu de dévaler le glacier et les pentes qui conduisent à la moraine de la Mer de Glace, nous prenons à notre gauche, passant en col la grande dépression qui servit de station de repère au Professeur Tyndall[1] et réduisant ainsi la traversée du clapier que nous avions à franchir avant d’atteindre le Montenvers.

L’idée que la face de la Mer de Glace était la vraie ligne d’attaque, ne survécut pas à cette expédition. Une fois de plus nous nous décidons à tourner notre attention sur le côté des Nantillons, et, pour commencer, à tenter de suivre l’arête à partir du col Charmoz-Grépon. L’idée ne nous vint pas que la voie la plus facile pour le glacier des Nantillons serait de traverser depuis le Montenvers, le promontoire peu élevé du Petit Charmoz, route invariablement prise maintenant, et, dans notre ignorance, nous descendîmes à Chamonix comme préliminaire à notre escalade.

Le 3 août, j’étais impitoyablement jeté hors de mon lit à 1 h. 30 mal., et informé qu’il n’y avait pas un nuage, pas la moindre vapeur, qui pût servir de prétexte à ma paresse et à mon désir de sommeil, aussi, maudissant les

  1. Dans ses observations sur la marche de la Merde Glace, en 1857. Voy. Peaks, Passes and Glaciers, vol. I, chap. II, et The Glaciers of the Alps, par John Tyndall ; London 1860 ; édition française, Paris, 1814. — M. P.