Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
LA PLUS DIFFICILE ESCALADE DES ALPES

culté. Ceci nous conduit, nécessairement, à la conclusion que la route la plus difficile conduisant au pic le plus difficile est toujours ce que le grimpeur doit tenter, alors que les pentes faciles et les abominables éboulis doivent être laissés en toute propriété aux savants, M. Janssen en tête. À ceux qui comme moi ont des vues non utilitaires sur la montagne, la grande arête du Grépon doit être recommandée en toute sûreté, car nulle part le grimpeur ne trouvera des tours plus audacieuses, des cheminées plus sauvages, ou de plus terribles précipices ; nulle part, de plus belles visions de lacs et de montagnes, de vallées embuées de vapeurs, et de glaces crevassées.

Diverses tentatives eurent lieu, en vue de refaire l’ascension du Grépon, mais la montagne défia toutes les attaques jusqu’au 2 septembre 1886, jour où M. Dunod parvint, après un mois d’efforts persistants, à forcer cette escalade par l’arête Sud[1]. Bien qu’il ait atteint deux fois le col Charmoz-Grépon, il est assez curieux que dans chacune de ces occasions il n’ait non seulement pas deviné l’existence de ma cheminée, à 6 mètres de laquelle il doit avoir passé quatre fois, mais qu’il n’ait pas non plus trouvé la variante de cette route qui conduit à quelques dalles sur le versant de la Mer de Glace. Cette dernière variante a été inventée par une caravane inconnue, dont l’existence est déduite seulement des nombreux coins de bois fixés dans la cheminée. Ces coins n’étaient certainement pas là lors de notre expédition en 1881, mais sept ans après ils furent trouvés, bien fixés et d’une grande utilité, par M. Morse, qui, avec Ulrich Aimer, atteignit le premier sommet par cette route. Malheureusement, faute de temps (il faisait l’ascension du Grépon à la

  1. Plus exactement l’arête Sud-Ouest. — M. P.