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XVII
A. F. MUMMERY

Burgener et Venetz, mène à bien cette escalade du Grépon que l’on n’avait pas osé croire possible et qui déjouera toutes les tentatives ultérieures pendant cinq ans. Ces magnifiques prouesses des Charmoz et du Grépon n’étaient pas publiées dans l’Alpine Journal et c’était grand dommage pour le monde alpin. Enfin, en 1888, l’Alpine Club admet. Mummery, qui pouvait déjà être classé parmi les tout meilleurs grimpeurs. Au début de juillet de cette même année, nous le trouvons en plein Caucase, campé sur la rive droite du Glacier de Bezingi. Après une première tentative au Dych Tau, faite en compagnie d’un seul guide, et que le manque d’entraînement l’empêche de mener jusqu’au bout, il atteint tout seul pendant un jour de repos un pic de 4.100 mètres. Quelques jours après, Zurfluh et lui ascensionnent enfin le Dych Tau, 5.198 mètres. Et c’est là certainement un des plus beaux exploits de Mummery, non que les difficultés puissent se mesurer à celles de l’Arête de Zmutt, du Col du Lion ou des Aiguilles de Chamonix ; mais, pour faire de pareilles explorations, à de telles altitudes, loin de toutes bases de ravitaillement, sans connaissance approfondie du pays, de son orographie générale et de ses difficultés alpines spéciales, il faut une science du métier consommée, une endurance physique considérable et une énergie morale exceptionnelle ; et Mummery dut posséder au plus haut point ces qualités, obligé qu’il fut de lutter non seulement contre tous ces obstacles, mais encore de soutenir le