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LA DENT DU REQUIN

Nous nous attachons à la corde et Hastings me pousse aussi haut qu’il peut. La grosse pierre paraît ne pas tenir et se trouverait donc désagréable à escalader. Je pense alors à me faufiler entre elle et le rocher. Mais l’espace est insuffisant ; je suis obligé de battre en retraite pour enlever mon habit, après quoi il m’est tout juste possible de passer outre. L’habit est alors arrimé en sécurité dans un trou et laissé là jusqu’au retour.

À peu de distance plus loin nous atteignons l’arête Sud à l’endroit où elle se joint à l’arête principale de la montagne. Immédiatement en front se dresse une tour perpendiculaire, et directement derrière elle, mais apparemment coupé par un ressaut lisse dans l’arête, se trouve le sommet. La face Sud de la Tour était fendue par la gelée en trois gros blocs disposés les uns sur les autres. Sur le second de ces blocs pendait la fin d’une corde, amarrée autour d’une pierre plus ou moins sûre ; elle désignait certainement la ligne des plus hautes eaux atteintes pas la marée des tentatives précédentes. Il paraissait à peine possible d’atteindre cette corde en escaladant une fente sur la face située devant nous, mais le meilleur plan était probablement de traverser jusqu’à la cheminée entre la tour perpendiculaire et le pic terminal. Ce fut, nous l’apprîmes ensuite, la ligne d’attaque suivie par la caravane de M. Morse dans ses diverses tentatives à ce pic. Après consultation nous sommes pourtant d’avis que le pic terminal doit être probablement inaccessible de ce côté, même si la tour peut être escaladée, et de plus nous sommes enclins à penser que le bout de la corde pendant sur le roc est un signe que la partie supérieure de la cheminée doit être un escalier moins commode que ne pourraient le désirer des touristes fatigués. Slingsby termine judicieusement la discussion en nous conduisant le long