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PAR L’ARÊTE NORD-OUEST

couloir de glace. Heureusement, peu de mètres avant d atteindre la falaise glacée, la lèvre supérieure s’infléchit jusqu’à ne pas être à plus de 3m,50 au-dessus de la lèvre inférieure. Collie est dépêché dans le fond même de la crevasse où il s’ancre dans de la neige molle en vue de toutes éventualités. Hastings et Slingsby font bénévolement la base d’une pyramide, et je suis habilement hissé sur leurs épaules. Grâce à cet avantage, je puis tailler des marches minuscules dans la glace surplombante sous la lèvre de la crevasse, et, après maints efforts, j’arrive à me faire une bonne et sure marche dans la pente de glace au dessus. Grimper des épaules de Hastings à cette marche fut loin d’être facile, et Collie fut averti d’avoir à parer à tout. La lèvre surplombait tellement qu’un homme tombant aurait tout à fait manqué la crevasse, et, sans le frein de la corde, serait parti en une course folle sur des pentes rapides s’incurvant toujours vers le grand couloir de glace.

Juste au dessus de la lèvre, la glace était très rapide, et ce ne fut pas avant qu’on m’eût donné 20 mètres de corde, que je pus me tailler une marche assez bonne pour qu’elle me suffit à assurer la sécurité du suivant. Hastings est alors hissé par les efforts unis de Slingsby et de Collie ; à son arrivée à la grande marche, j’avance un peu plus loin, jusqu’à une crevasse remplie de neige dans laquelle je trouve un siège admirable et très agréable. Mais, comme c’était au delà de la portée de notre corde, je dus ajouter et bien fixer à la première, une seconde corde légère. Slingsby fut le suivant qui monta, et alors nous en vînmes aux prises avec le sérieux problème de l’ascension de Collie. Tant qu’un homme restait en dessous pour prêter son épaule, la lèvre de la crevasse pouvait être atteinte et l ascension effectuée de façon raisonnable,