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XXIV
A. F. MUMMERY

Pour bien comprendre le caractère de Mummery, il faut lire attentivement ses « Plaisirs et Pénalités de la Montagne ». On y saisira bien la modeste et mâle énergie du grimpeur. Modeste certes, il l’est : racontant ses plus grands exploits simplement, sans forfanterie, comme ils étaient exécutés. Et quant à son courage, c’est le courage qui n’est pas fait d’excitation, c’est le courage à froid qui sait regarder en face avec magnanimité tous les risques. « Le vrai grimpeur, nous dit-il, jugeant par ses habitudes, emporté par des sentiments d’altruisme et pensant simplement au salut de ses futurs compagnons, préférera que la loi de survie du plus apte ait libre carrière et le passe lui-même à son feu d’épuration. » Il nous semble qu’on ne peut pas faire de plus bel éloge de Mummery que de citer cette phrase où la grandeur des sentiments le dispute à l’élévation de la pensée. Il a sur le sport des idées très hautes : c’est bien pour lui la régénération morale par l’intensité de la vie physique, et ce sont là des « gains pour lesquels on ne saurait demander un trop grand prix ». Il sait mieux que personne que « les grandes escalades demandent parfois leur sacrifice, mais le vrai montagnard, » nous dit-il, « ne renoncera pas à sa passion même s’il sait qu’il est la victime désignée ». Dans sa jeunesse, il n’a pas toujours été prudent, pourtant il se rendait compte des dangers courus : parlant du couloir de la face Ouest du Cervin, il note qu’ « il est dangereux au plus haut point d’entrer dans de