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CHAPITRE X


L’AIGUILLE VERTE


PAR L’ARÊTE DU MOINE


On peut objecter à l’ascension de l’Aiguille Verte décrite ci-dessus, que presque à chaque moment le grimpeur est exposé à voir mettre à l’épreuve, sous le choc d’une pierre, la dureté de son crâne. Bien que cette ascension conduise à une escalade très intéressante et très excitante, elle est d’une nature telle qu’elle perd complètement sa puissance de plaire dès que l’alpiniste a passé la première fièvre de la jeunesse. Une objection analogue, bien que très modifiée dans la forme, peut être opposée à la route ordinaire ; en effet, divers passages sont tellement battus et accablés de projectiles, que cette ascension a été, depuis de nombreuses années, très rarement effectuée. Phénomène assez étrange, le Dru, qui épouvantait tellement les premiers explorateurs, que sans hésiter ils le décrivaient comme absolument inaccessible, le Dru est devenu une ascension de tous les jours et maintenant on le regarde comme comparativement facile. Une troisième route conduisant du Glacier d’Argentière à l’Aiguille Verte, a été découverte par MM. Maund, Middlemore et Cordier[1] ; elle est encore plus exposée aux avalanches et aux pierres, et, jusqu’à ce jour, personne ne s’est aventuré à la reprendre.

  1. Voyez la note des pages 184-5. — M. P.