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LE DYCH TAU

voir si nous pourrions rencontrer une autre traversée plus facile. Il ne se trouva pas y en avoir, et à 9 h. mat. nous abandonnâmes l’ascension.

À notre retour nous descendons en glissade le couloir, filant ainsi d’un seul trait pendant plus de 300 mètres. Peu de semaines après MM. Woolley, Holder et Cockin[1] arrivèrent au Misses Kosh[2] et trouvèrent, que ce couloir avait été totalement dégarni de neige par le soleil du Caucase.

Nous nous apercevons avec ennui que le camp n’est pas encore arrivé ; il s’ensuit que nous passons une seconde nuit froide et inconfortable. Comme conséquence, le lendemain matin, Zurfluh n’est pas assez bien pour partir, et je m’en vais, grâce à l’énergie que possède toujours le touriste amateur, explorer les approches de la face Sud de la montagne. Pendant ma course solitaire j’effraye une harde de dix-sept Turs[3] et j’atteins ensuite l’extrême contrefort Sud-Ouest du pic, sommité presque digne d’avoir un nom particulier, car elle est séparée de la masse de la montagne par un large col et ne peut être ascensionnée que par une arête longue et peu commode. Son altitude est d’environ 4.100 mètres, peut-être même plus ; de son sommet on peut voir la Suanétie par dessus le Col de Zanner, et, par dessus le Col de Shkara les montagnes

  1. Le 19 juillet 1888, ces touristes quittaient, en compagnie de U. Aimer et de C. Roth, le Misses Kosh et réussissaient, le 20, l’ascension du Dych Tau par l’arête Nord (Voy. Alpine Journal, XIV, p. 90 et 185 et Explorations of the Caucasus, p. 263-64). — M. P.
  2. Kosh signifie en turc, chalet grossier, cabane, abri ; en l’espèce il s’agit d’un abri en sous-sol sous une énorme pierre, comme le montre l’illustration ci-contre. (Voyez en outre Tite Explorations of the Caucasas, 11, p. 26-27). — M. P.
  3. Le Tur (Capracaucasica) est différent de notre bouquetin (Capra Ibex) ; ses cornes, notamment, au lieu d’être rejetées droit en arrière, s’écartent latéralement de la tête. Il y aurait deux variétés de Turs au Caucase (The Explorations of the Caucasus, p. 140-1). — M. P.