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QUELQUES COLS CAUCASIENS

course des rochers, détachés de temps à autre au travers de la pente, était rapide et irrésistible ; nous étions obligés de descendre, la tête toujours par dessus l’épaule, pour voir quel petit tour la montagne cherchait à jouer à nos dépens.

Quant à la dernière pente, composée de la plus désagréable mixture de pierres folles, de glace et de neige, nous déclinons l’honneur d’avoir rien à faire avec elle, et, après beaucoup de travail et de recherches, nous découvrons une ligne de rocs à pic conduisant à un petit couloir. Une fois dans celui-ci nous nous hâtons au milieu d’un nuage de neige poudreuse, vers le champ de névé qui est le bienvenu. Nous revenons d’un bon pas vers le faîte des pentes rapides qui conduisent à notre bivouac ; Zurfluh prend la tête du grand couloir et propose hardiment de le descendre en glissade du haut en bas. Le couloir était courbe et une profonde rainure coupée par les eaux et les débris tombés traversait d’un côté à l’autre ; glisser dans ce couloir ouvert eût entraîné par conséquent une chute soudaine dans le canal profondément érodé. Zurfluh, pour obvier à cette difficulté, me proposa de glisser dans la rainure elle-même. L’exagération de la grande courbe du couloir et maintes sinuosités variées réduisaient matériellement l’angle de pente et compensaient en quelque sorte le caractère de son plancher de glace.

Zurfluh s’élance dans le canal, et disparaît au premier coin ; il émerge de nouveau à la vue, une centaine de mètres plus bas, et se perd encore dans une autre courbe. Il paraît si a son aise que je me confie à ladite rainure. Je contourne les coins à une furieuse allure, et plus d’une fois je perds pied par suite du choc d’une pierre congelée dans le plancher du couloir. Heureusement, aux petits