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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/367

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LE COL DE LEKSUR

notre avance aussi lente, et, sans nous dire ce qu’il va faire, il saute hardiment sur la pente. Le résultat peut être imaginé. En un instant il est sur le dos, glissant comme un serpent sur une masse de neige bruissante, et laissant derrière lui un sillon de glace luisante. Immédiatement en avant bayait l’ouverture de la rimaye et le « Herr Gott ! er ist verloren » « Mon Dieu ! il est perdu » de Zurfluh semble inéluctablement vrai. Par un bonheur extraordinaire, il est envoyé en une culbute par-dessus la crevasse et va s’arrêter dans la neige molle au dessous. Nous le vîmes alors, à notre grande satisfaction, se relever et commencer à secouer de ses vêtements la neige en poussière, ce à quoi nous conclûmes avec raison qu’il n était pas plus effrayé que blessé. Il s’assit ensuite tout content sur la neige et se reposa tranquillement pendant que nous taillions laborieusement nos marches pour le rejoindre. Une fois sur le névé, Zurfluh sortit la corde et le Tartare fut placé sous sa protection efficace.

Nous traversons le bassin lisse du glacier, et nous nous trouvons au dessus d’une grande chute de séracs. Comme la Passe de Bashil fréquentée par les indigènes conduit dans le même bassin, il est certain qu’une route facile passe sur l’une ou l’autre rive du glacier. Malheureusement nous décidons d’essayer la rive gauche. Nous abordons sans difficulté les rochers, et suivons une corniche sur une courte distance. Le passage suivant était moins simple. Sur environ 20 mètres, la falaise était complètement à pic ; mais il semblait que, cet obstacle une fois surmonté, nous pourrions forcer notre route en bas, et regagner le glacier en dessous de la chute de séracs.

Après nous être consultés, nous décidons de faire face