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DE L’ALPINISME

dans la caravane l’objection que cela empêche la rapidité des mouvements aux endroits où cette rapidité peut être nécessaire. Il y a aussi le risque, très sérieux, des pierres détachées par le premier, et qui peuvent acquérir une vitesse très dangereuse avant d’atteindre le dernier lors-, qu’il y a plusieurs grimpeurs à la corde. Pendant la première ascension du Rothhorn depuis Zermatt, un désastre fut près d’arriver précisément pour cette raison[1].

Il y a certains couloirs où il est impossible de ne pas détacher des pierres, et, comme conséquence, les grandes caravanes y sont forcées de se « serrer sur elles-mêmes ». Cette pratique obvie, jusqu’à un certain point, au risque des chutes de pierres, mais elle annihile tous les avantages de la corde, et, force souvent tous les grimpeurs, sauf le premier, à être simultanément sur un endroit dangereux. Et même ainsi, j’ai vu plus d’une fois un homme être blessé sérieusement par des pierres ; on doit en conclure que quelques-uns des accidents inexpliqués sont dus à un bloc détaché qui est venu frapper et jeter un des touristes hors de ses marches, sa chute entraînant les membres de la caravane « serrée sur elle-même », les uns après les autres, hors de leurs appuis. De plus, sur la glace en grande pente, le premier est quelquefois sérieusement gêné par l’existence d’une longue caravane au dessous de lui, et par la nécessité conséquente de ne faire que de petites entailles de glace à chaque coup de piolet, ou d’éviter absolument en atteignant les rochers de les dégarnir de glace ; la chance de détacher un fragment, suffisamment large pour frapper un camarade à 20 ou 25 mètres en-dessous de lui, étant plus forte que l’avantage de se faire un appui sûr pour le pied.

  1. [C. T. Dent]. Above the Snow Line [in-8 de XIV-327 p. ; London 1885], p. 49-50.