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DE L’ALPINISME

mais, j’en ai eu l’assurance auprès d’autorités absolument indiscutables, il se livra parfois à des écarts de langage des plus profanes et des moins convenables ! Depuis ce temps mes amis ont été fermement convertis à cette doctrine que, si d’un parti de trois vous enlevez le plus faible, la cordée se trouve matériellement renforcée et améliorée, et que deux grimpeurs expérimentés constituent une caravane beaucoup plus sûre et bien meilleure que les deux guides et le voyageur si chers aux autorités orthodoxes de l’alpinisme.

Mais, puisqu’il est possible de concevoir qu’un large pont de neige puisse donner coup et laisser tomber le premier pendant quelques instants avant que la corde puisse entrer en jeu, il sera avantageux de décrire un moyen de se servir de la corde par lequel, même dans ce cas, une caravane de deux sera capable de travailler à son propre salut. C’est un fait assez connu, attesté par un nombre considérable d’expériences involontaires, qu’un homme peut retenir un compagnon qui est tombé à quelque distance dans une crevasse. La friction de la corde sur le bord de la crevasse et le splendide appui qu’apporte une neige molle horizontale, empêchent la chute sans grande difficulté. Mais le point critique est de ramener votre compagnon. Ceci est impossible avec la corde employée comme d’habitude. Ferdinand Imseng[1] et d’autres expérimentateurs auxquels j’ai fait allusion plus haut l’ont essayé sans réussir et leur expérience peut, je crois, être prise comme concluante. Mais si, à la place de la corde habituelle, vous employez une corde de moilié poids et de demi-force, en la doublant, le problème

  1. Dans chacune de ces circonstances une autre caravane se trouvait heureusement à portée, et la délivrance du grimpeur enseveli fut effectuée grâce à son assistance.