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L’ARÊRTE DE ZMUTT

nous rencontrons la caravane Penhall sur son retour et que nous apprenons qu’elle a définitivement abandonné la route de l’arête, nous décidons de suite de passer un jour au Stockje pour voir si vents et nuages méditent réellement un mauvais coup. À notre arrivée les guides furent vite d’accord que le temps était sans espoir. J’étais beaucoup trop jeune et trop ardent pour songer au retour, et, comme j’étais complètement ignorant en fait de météorologie, je fus capable de prophétiser d’excellentes choses avec une telle apparence de savoir que Burgener en fut à moitié convaincu. Une seconde difficulté surgit. Nos provisions avaient été calculées pour une course de dix heures et, partant, se trouvaient insuffisantes pour une course de deux jours. Le sentiment de Gentinetta, stimulé sans doute par la contemplation de ces ressources limitées, se fit jour à travers son habituelle taciturnité, et, sans se laisser émouvoir par « cette intimidante barrière qu’est un Monsieur», il exprima son opinion sur ma prophétie. Il attaqua celle-ci en établissant sa conviction sur ce que, il n’importe quelle période depuis la création du monde, et même antérieurement, jamais pareil vent et pareils nuages n’avaient amené autre chose que le temps le plus désespérant et finalement le plus mauvais. Nous pensâmes que quelque exercice serait excellent pour son état d’esprit et qu’à tout prendre sa compagnie serait dépressive pour nous, en sorte que nous l’envoyâmes à Zermatt en vue de quérir des provisions et de chercher le meilleur porteur capable de l’aider à les amener ici. Nous décidâmes la place de notre bivouac et nous nous entendîmes avec Gentinetta sur les signaux à lui faire pour l’arrêter dans son retour si le temps nous paraissait décidément trop mauvais pour coucher dehors. De sombres nuages roulaient toujours à travers le Col