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L’ARÊRTE DE ZMUTT

sous nos maigres couvertures. Nous fûmes tout heureux lorsque vint l’heure de se lever, et au premier soupçon du jour (4 h. 15 mat.)[1], nous commençâmes à escalader les rochers le long de l’arête conduisant à la crête de neige. À 5 h. 20 mat., nous eu atteignîmes le pied et sur une saillie abritée nous trouvâmes les débris du campement Penhall. Là nous fîmes halte pour déjeuner et nous déposâmes les couvertures, que, dans la prévision d’une deuxième nuit à passer sur la montagne, nous avions apportées jusqu’à ce point. Après une demi-heure de halte nous nous mettons à la corde et commençons l’ascension de l’arête de neige. Nous atteignons la dent rocheuse qui, de Zermatt, se profile si visiblement sur le ciel, et nous escaladons des piles branlantes de rocs brisés par le gel. Au delà de la troisième dent nous sommes arrêtés par une profonde coupure. Burgener et Petrus ont tôt fait de dégringoler les rochers sur notre droite et d’atteindre le fond. Aller plus loin devenait impossible, car l’arête se relevait perpendiculairement au dessus d’eux et une grosse console la supportant en surplomb enlevait toute chance de pouvoir traverser. Cela n’eût pas arrêté l’un ou l’autre des deux guides, car un étroit couloir, entre cette console et les ressauts de la dent sur laquelle Gentinetta et moi nous nous trouvions, venait offrir un moyen évident de tourner, plus bas, l’obstacle ; mais au-delà, en avant et à gauche, une pente se présentait avec l’aspect désagréable, à sa base, de rocs brisés et verglassés ou masqués de neige en poudre. Plus haut la pente se redressait jusqu’à paraître presque perpendiculaire. Il fallait arriver en haut de cette pente ou abandonner l’ascension. Effrayés par cette vue,

  1. Le 3 septembre 1819 ; consulter un court récit de cette course fait par A. F. Mummery, et paru dans l’Alpine Journal, IX, p. 458-62. — M. P.