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L’ARÊTE DE FURGGEN

ment retardés, nous nous déterminâmes à essayer de couper au plus court et à monter en travers, au milieu de glaces crevassées, jusqu’à un couloir de rocher qui devait certainement nous donner accès à la muraille de rocs brisés située immédiatement sous l’Arête de Furggen. L’adoption de cette ligne d’ascension est un exemple frappant des erreurs auxquelles le meilleur guide de glacier lui-même peut être sujet à l’occasion. Je n’hésite pas à affirmer que Burgener n’a pas son pareil pour le talent avec lequel il peut diriger sa caravane à travers une chute de séracs, et pour le flair instinctif qu’il possède de choisir le meilleur itinéraire. Mais dans cette occasion, il s’égara de la plus belle façon. On peut trouver une route facile au pied même de notre couloir, en suivant sous l’arête Nord Est jusqu’à ce qu’on ait atteint le bassin supérieur du glacier et en prenant alors en travers une bande de neige légèrement inclinée ; mais le grimpeur pourra encore suivre le plateau du glacier jusqu’au pied de la Furggengrat, et trouver près de sa base une voie également facile conduisant aux neiges supérieures. Nous ne prenons pourtant aucune de ces directions et nous voici bientôt engagés dans un dur travail de glacier, en des passages des plus sensationnels. À un moment donné il devint même probable que nous allions être obligés de revenir sur nos pas. La lèvre supérieure d’une énorme crevasse nous dominait de douze à quinze mètres et ce fut seulement grâce à leur très brillante habileté que Burgener et Venetz purent forcer leur route à l’aide d’une petite crevasse transversale qui, heureusement, coupait l’autre. Arrivés au-dessus de cette difficulté, nous nous arrêtons quelques minutes pour examiner notre ligne d’attaque.

Depuis le Col du Breuil jusqu’aux grandes pentes de